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Charles Durand du Brûlé vous propose de lire ses commentaires de la Bible...

 

          

          

Saint-Jean chapitre 14 versets 6 à 14

Philippe, celui qui m'a vu a vu le Père

 

            Ce passage de l'Evangile nous semble assez banal. Nous sommes catholiques et nous savons depuis longtemps que le Père et le Fils ne font qu'un avec le Saint-Esprit.

            Un passage banal mais essentiel et central dans notre religion. Notre religion est celle de l'Incarnation : Dieu s'est fait homme. Un humain de chair et d'os comme vous et moi. A l'époque de son passage parmi nous on a pu le voir, l'entendre, le toucher. Un Dieu très proche de nous. Pas un Dieu éthéré, perdu dans les nuages ou l'infinité du cosmos. Non, un Dieu parmi nous. Pas un Dieu père fouettard, puissant, menaçant de ses foudres guerrières les pécheurs que nous sommes. Non, un Dieu proche qui nous aime, un Dieu qui pardonne, un Dieu de miséricorde. Sauf erreur de ma part, les autres religions monothéistes, celles qui ne reconnaissent qu'un seul Dieu, n'ont pas connu cette faveur extrême de la venue de Dieu parmi eux. Nous, si ! Il est venu parmi nous !

            Mais ce qui nous paraît évident aujourd'hui - c'est toujours plus facile après coup quand on connaît le film ! - ne l'était pas du tout à l'époque d'où l'interrogation de Philippe juste après la Cène, le dernier repas avant la Passion du Christ. Bien sûr, au moment de la naissance de Jésus il y eut de nombreux signes de sa divinité ; bien sûr, son baptême par Jean-Baptiste avec l'effusion de l'Esprit était un signe de sa divinité ; même sa divine et saine colère lors de l'épisode des marchands du temple est aussi un signe ; bien sûr, les miracles, les guérisons, les paroles de Jésus étaient autant de signes qui pouvaient laisser penser que le Messie était là, comme l'ancien Testament l'avait annoncé. Mais Jésus n'avait jamais été aussi clair, aussi net, aussi précis que dans sa réponse à Philippe. Si on peut ainsi s'exprimer, c'est à ce moment-là qu'il avoue, qu'il déclare qu'il est Dieu venu sur terre. Et cela va être confirmé quelques heures après au moment de sa crucifixion et de sa résurrection. A partir de ces événements considérables, inconcevables et transcendants, les apôtres et les disciples vont se rappeler les années précédentes et tout ce qui a entouré la vie de Jésus : trois petites années qui ont bouleversé la vie sur la planète. Dieu s'est fait homme, Dieu s'est incarné.

            Dans ce passage de l'Evangile qui révèle l'Incarnation, Philippe demande à Jésus de lui montrer le Père. J'ai longtemps pensé que cette obsession de voir pour croire était une spécialité de notre culture matérialiste depuis le 19ème siècle et que l'épisode de Thomas était isolé. Mais il n'en est rien : déjà, à l'époque il y avait cette exigence de voir pour croire. Les Evangiles regorgent de récits d'actes de Jésus où se déroulent des événements visibles, preuve que les gens de l'époque voulaient voir du concret pour croire. Une sorte de foi à condition de pouvoir vérifier. Et pourtant, une chose aussi simple que l'imagination ou la simple pensée humaine ne sont pas visibles : qui a déjà vu sa propre pensée ? Mais les actes ou les paroles déclenchés par la pensée sont bels et bien réels. Pour Dieu c'est pareil : il est invisible…mais la création et les créatures sont bien réels. Son amour, sa miséricorde sont encore plus réels, et qu'on y croit ou qu'on n'y croit pas son amour et sa miséricorde sont à l'œuvre en permanence parmi nous. Bienheureux ceux qui croient sans avoir vu : c'est là le grand mystère de la foi qui nous habite.

 

Charles Durand

7 mai 2007.

 
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