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Charles Durand du Brûlé vous propose de lire ses commentaires de la Bible...

 

Livre d'Osée chapitre 2 versets 16 à 18 et 21 à 22.

 

L'épouse au désert.

 

Ce passage de l'Ancien Testament se situe dans la ligne des actions des prophètes qui nous permettent de comprendre le dessein, l'objectif de Dieu. Dieu qui est appelé Yahvé dans l'Ancien Testament. Ainsi, le prophète Osée a aimé et aime encore une femme qui n'a répondu à cet amour que par la trahison. En effet, Gomer, l'épouse du prophète Osée…est une prostituée à la demande même de Yahvé qui lui a dit " Va, prends une femme se livrant à la prostitution et des enfants de prostitution, car le pays ne fait que se prostituer en se détournant de Yahvé". En fait, il s'agit d'une situation purement symbolique dans laquelle Israël est l'épouse de Yahvé. Yahvé aime toujours Israël, épouse infidèle et après l'avoir éprouvée lui rendra les joies du premier amour et rendra l'amour de son épouse inébranlable et indéfectible. Déjà, sans doute avant le prophète Osée, on qualifiait de prostitution le culte que les Cananéens rendaient à leurs idoles, à cause des pratiques de prostitution sacrée qui y étaient associées. En imitant leur idolâtrie, Israël se prostitue également. En revanche, Osée est le premier à représenter de façon symbolique les rapports de Yahvé avec son peuple depuis l'alliance du Sinaï et à qualifier la trahison idolâtrique d'Israël non seulement de prostitution mais d'adultère.

A première vue, c'est une idée assez saugrenue que d'entraîner son épouse infidèle "jusqu'au désert" pour la séduire à nouveau. On pourrait penser qu'il aurait bien mieux valu l'emmener dans des lieux de luxe, d'abondance et de plaisirs. Mais à y réfléchir d'un peu plus près on se dit qu'il a eu raison, le prophète Osée. Il est peu probable qu'il aurait pu séduire à nouveau son épouse dans un environnement de distractions en tous genres. En revanche, le désert, malgré la répulsion qu'il peut provoquer au premier abord est sans doute un endroit favorable au ressourcement.

Certes, le désert au sens propre est ressenti comme un lieu de désolation et de perdition. Il n'y a rien, on s'y perd, on y meurt de chaud, de froid, de soif. Au sens figuré, le désert est synonyme de néant, de dénuement, de pauvreté totale. Vraiment le désert est tout sauf attirant ! Bref, le désert fait peur. Alors vraiment, pourquoi donc y emmener son épouse en espérant la faire revenir à soi ? Et au sens figuré, le désert est-il plus attirant ? Au premier abord, non : le désert de relations, le désert d'affection, le désert d'amour ne sont guère plus attirants que le vrai désert…Ne parle-t-on pas de traversée du désert pour des personnes célèbres qui tombent momentanément dans l'oubli ? Et pourtant, beaucoup ont recherché cette ambiance du désert : le prophète Osée, bien sûr, mais aussi Jésus , et une multitude d'ermites comme Charles de Foucauld dans le Sahara. Sans oublier tout le peuple de Dieu, Israël, qui a vécu au désert pendant quarante ans sous la conduite de Moïse. De plus en plus de nos contemporains, ivres de bruit et d'agitation, apprécient de plus en plus de faire des retraites dans des lieux isolés, des déserts reposants, des déserts où on peut prendre le temps de réfléchir posément dans la quiétude d'un lieu silencieux.

Il y a donc du bon quelque part à "aller dans le désert". Il est vrai que nous nous saoulons facilement de bruit, de sollicitations en tous genres et que le silence gêne quand il ne fait pas peur. Ecoutez la radio, vous constaterez que le silence est la hantise des stations de radio car il est signe de panne ! Drôle de monde dans lequel nous vivons : le silence est interdit…Et pourtant, n'est-ce pas le moyen privilégié de rencontrer Dieu, de l'écouter un peu dans le silence de son cœur ? Mais on craint peut-être de l'entendre ? Mais faut-il craindre Dieu ? Benoît XVI vient de nous rappeler fort justement que Dieu est amour : faudrait-il craindre l'amour ? Certainement pas et plus on en reçoit mieux on se porte, non ? Quant à en donner c'est encore plus gratifiant et épanouissant.

Alors comme Osée, osons le silence, osons le désert, osons l'écoute de Dieu : il y va de notre salut éternel et de notre bien-être de chaque jour…

 

Charles Durand

11 juillet 2006.

 

 
 
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