Accueil de ce site :

Charles Durand du Brûlé vous propose de lire ses commentaires de la Bible...

 

Luc 6-27 à 38

 

"Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent". Voilà un sérieux défi que Jésus-Christ nous propose !

"Aimez-vous les uns les autres comme je vous aime" semblait plus raisonnable, plus à notre portée, plus humain en quelque sorte.

Mais aimer ses ennemis et leur faire du bien, c'est quand même aller un peu loin. Dans le meilleur des cas, on accepte à peine de pardonner. Quant à aimer au sens profond du mot, il y a un pas énorme à franchir. On n'est déjà jamais très sûr d'aimer suffisamment Dieu, les autres et soi-même, alors les ennemis cela semble insurmontable. Aimez ses ennemis semble relever des seules facultés divines : comment imaginer qu'un pauvre humain puisse y parvenir !

Pourtant, certains s'y sont essayés !

Rappelez vous, Ste Thérèse de Lisieux qui éprouvait une forte antipathie pour une de ses sœurs en religion et qui s'obligeait à penser aux mérites de cette sœur, à lui rendre tous les services possibles, à se placer auprès d'elle en récréation et à lui offrir son aimable sourire. Tant et si bien que cette sœur s'imagina longtemps avoir été la préférée de Thérèse. Elle ne s'était pas rendu compte que si Thérèse quittait parfois brusquement la pièce où elle était en train de travailler avec elle, c'était pour ne pas lui être désagréable.

On voit bien au travers de ce petit récit que même une femme exemplaire comme Thérèse, une Sainte, ne parvient pas à aimer dans le plein sens du terme quelqu'un pour lequel elle éprouve spontanément de l'antipathie. Elle arrive, quand même à surmonter son aversion naturelle pour laisser croire qu'elle aime sa sœur, mais elle ne réussit pas à l'aimer véritablement. Ceci ne minimise en rien les efforts et la magnanimité de Ste Thérèse. Au contraire, cela peut nous servir d'exemple et nous montrer qu'il ne s'agit pas d'être parfait et de respecter à le lettre les enseignements de Jésus, mais de s'efforcer sans cesse, minute après minute, heure après heure, jour après jour, de tendre vers cet idéal.

Si nous arrivions facilement à aimez nos ennemis, à faire du bien à ceux qui nous haïssent, à bénir ceux qui nous maudissent, alors nous serions des saints. Etre saint est le but que nous poursuivons tout au long de notre vie de modeste pécheur, mais il faut rester humble et savoir que nous n'y parviendrons qu'en partie. L'essentiel est de commencer par de petites actions, de petits gestes de compréhension, de pardon et de ne jamais se décourager, de continuer et de se reprendre quand on dérape vers l'animosité ou la colère.

Alors, ne pas aimer ses ennemis, est-ce un péché ?  Dans l'Evangile il n'est pas question de sanction si nous ne suivons pas les recommandations concernant ces ennemis qu'il faut aimer. Pas de sanction divine, certes, ne serait-ce que parce que nous savons très bien que Dieu est miséricordieux. Mais des sanctions humaines car nous savons très bien aussi, par expérience, qu'il est lourd de porter rancune et vengeance dans son cœur et qu'en revanche accorder le pardon procure un soulagement sans pareil. De là à aimer un ennemi, aimer comme on aime ses enfants, ses parents, son mari ou sa femme, il y a un pas vraiment difficile à franchir. On peut arriver à le dire : c'est déjà considérable, mais quant à le penser sincèrement et profondément, cela paraît hors d'atteinte d'un être humain. Dieu le peut pour tous les humains quels qu'ils soient dans son immense miséricorde, mais en rapportant telles quelles les paroles de Jésus, l'évangéliste Luc a placé la barre un peu haut pour nous pauvres humains.

N'en déplaise à Luc, il me semble que pour arriver à la perfection voulue par Dieu, il faut bien commencer par aimer Dieu, s'aimer soi-même, aimer ceux et celles qu'il est facile d'aimer avant de se lancer dans l'aventure d'aimer ses ennemis, ceux qu'on n'aime pas spontanément. Ne serait-ce que pour apprendre à aimer, comprendre toutes les conséquences de ce mouvement vers l'autre qu'est l'amour. Tant pis, si on n'obtient rien en échange comme le rapporte Luc : "Et si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quel gré vous en saura-t-on ?" écrit-il. Comme si on faisait du bien pour recevoir une récompense ! En bon chrétien on peut être un peu plus désintéressé , non ? 

 

Charles Durand - 8 mars 2004

 

 
 
Vers le haut de la page

Pour m'envoyer un courriel :cd6d@wanadoo.fr