Etienne, le premier martyre meurt comme le
Christ
Livre des Actes des Apôtres
(chapitre 7, versets 51 à 60; chapitre 8, verset 1a)
Etienne, devant le
grand conseil, déclarait: "Hommes à la tête dure, votre cœur et
vos oreilles ne veulent pas connaître l'Alliance: depuis toujours vous résistez
à l'Esprit Saint; vous êtes bien comme vos pères !
Y
a-t-il un prophète que vos pères n'aient pas persécuté ? Ils ont même
fait mourir ceux qui annonçaient d'avance la venue du Juste, celui-là
que vous venez de livrer et de mettre à mort.
Vous
qui aviez reçu la loi communiquée par les anges, vous ne l'avez pas
observée."
En
écoutant cela, ils s'exaspéraient contre lui, et grinçaient des dents.
Mais
Étienne, rempli de l'Esprit Saint, regardait vers le ciel ; il vit la
gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu.
Il
déclara : "Voici que je contemple les cieux ouverts : le Fils de
l'homme est debout à la droite de Dieu."
Ceux
qui étaient là se bouchèrent les oreilles et se mirent à pousser de
grands cris ; tous à la fois, ils se précipitèrent sur lui,
l'entraînèrent
hors de la ville et commencèrent à lui jeter des pierres. Les témoins
avaient mis leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme appelé Saul.
Étienne,
pendant qu'on le lapidait, priait ainsi : "Seigneur Jésus, reçois
mon esprit."
Puis
il se mit à genoux et s'écria d'une voix forte : "Seigneur, ne leur
compte pas ce péché." Et, après cette parole, il s'endormit dans
la mort.
Quant
à Saul, lui aussi approuvait ce meurtre.
On
dit souvent que l'histoire est un éternel recommencement. Le martyr
d'Etienne n'échappe pas à cet adage populaire. Jésus Christ a été
crucifié depuis trois ans et les tous premiers chrétiens commencent à
s'organiser et à répandre la bonne nouvelle. Evidemment, ce succès ne
plait pas du tout aux grands prêtres juifs du sanhédrin. Bien sûr, ils
vont s'attaquer à tous les disciples du Christ qui leur tombent entre les
mains. Certains seront emprisonnés, d'autres exécutés.
A
l'époque il fallait avoir un énorme courage pour être chrétien. Ils étaient
une toute petite minorité parmi les Juifs. Jésus avait été humilié et
mis à mort et croire à sa résurrection était alors considéré comme
un sacrilège de première grandeur…punissable de mort. Les grands prêtres,
totalement obsédés par leur pouvoir et leur vérité, n'ont pas compris
un seul instant que leurs menaces en direction des disciples du Christ
ressuscité étaient sans aucun effet sur des gens qui, eux, croyaient à
la vie éternelle prouvée par la résurrection de Jésus. Alors, ils
pouvaient toujours menacer, condamner, humilier, torturer, exécuter, cela
ne faisait que renforcer la foi des premiers chrétiens. C'est le cas
d'Etienne, dont le martyr rappelle étrangement la Passion du Christ.
Jugement par les prêtres Juifs, réponses inspirées d'Etienne déjà
proche du Père avant même sa mise à mort, dernières paroles que j'ose
qualifier d'extraordinaires.
Des
déclarations sur lesquelles il convient de s'arrêter un moment. Dans un
premier temps il revendique ouvertement son appartenance au Christ et n'hésite
pas à reprocher à cette assemblée plutôt menaçante sa surdité à
Dieu depuis toujours…Et lorsqu'il déclare voir le Père et le Fils,
c'est la goutte qui fait déborder le vase et conduit à son supplice.
Sans aucun jugement. Il faut dire que les grands prêtres doivent
commencer à être excédés par ces gens. Ils croyaient avoir réglé
leur problème en éliminant Jésus, mais pas de chance, les disciples du
Christ n'ont plus aucun état d'âme par rapport à la mort car ils ont
connu la Résurrection du Christ.
Au
moment de mourir, Etienne a ces mots sublimes "Seigneur ne leur
compte pas ce péché" ! Quel courage et quelle miséricorde
grandiose : pardonner à ses assassins au moment de leur geste, il faut le
faire. La longue liste des martyrs du christianisme est jalonnée de tels
actes de courage et de miséricorde. Lorsqu'on affirme que Dieu est amour,
qu'il est miséricordieux, quelle meilleur preuve donner que ces
sacrifices consentis et accompagnés d'un sublime pardon !
Enfin,
Etienne meurt et le texte des apôtres décrit cette mort d'une façon
remarquable : il s'endormit dans la mort ! Quelle merveilleuse expression
pour faire comprendre que depuis Jésus, la mort est domptée définitivement.
Le sommeil est quelque chose d'attendu par chacun chaque jour qui passe.
En nous endormant nous abandonnons notre corps. On dit quelquefois
"tomber dans les bras de Morphée" du nom d'une divinité païenne
grecque, pour exprimer cet abandon. Etienne s'endort dans la mort. Enfin,
la mort n'est plus considérée comme un malheur et encore moins comme une
sanction ou une punition. Non, depuis que le Christ est ressuscité nous
savons qu'il est doux de s'endormir dans la mort puisque quand on s'endort
on sait que c'est bien pour se réveiller ensuite et que quand on meurt
c'est bien pour se réveiller à la vie éternelle. Jésus a vaincu la
mort et nous qui sommes ses disciples nous avons aussi vaincu la mort :
c'est le cœur de notre foi chrétienne !
Charles
Durand
Le
Brûlé - Saint-Denis
Lundi 7 avril 2008 - première
lecture du mardi 8 avril