Saint-Luc chapitre 14 versets 12 à 14

Une fois de plus les paroles de Jésus nous surprennent, nous choquent même ! Ainsi, en lisant ces quelques lignes extraites de l'Evangile selon Saint-Luc on comprend que Jésus nous déconseille de vivre en convivialité avec ceux qu'on aime, en évitant de les recevoir chez nous. Où est le mal ? C'est un peu embêtant car qui n'a jamais invité ses parents ou ses amis ? Tout le monde le fait en toute bonne foi, si on peut dire. D'autant que c'est le même Jésus, cœur de notre foi chrétienne qui nous a dit aussi "aimez-vous les uns les autres". D'après Luc , Jésus en rajoute en précisant que le risque c'est d'être soi-même à nouveau invité par ceux qu'on a accueilli à sa table. Mais tout le monde fait ça depuis l'origine de l'humanité et c'est plutôt agréable, non ? Je ne me vois pas ne plus inviter ni parents ni amis car je les aime. et j'apprécie leur compagnie. Décidément, ce Jésus n'est pas comme tout le monde, mais ça on le savait.

La seconde partie du texte nous éclaire sur le sens des paroles de Jésus mais en nous compliquant vraiment la vie. C'est probablement parce qu'il n'est pas facile de suivre les paroles de Jésus que deux mille ans plus tard, on peut dire que ce qu'il nous a demandé n'est pas rentré dans les mœurs, c'est le moins qu'on puisse dire. Qui a déjà préféré inviter les pauvres, les estropiés, les boiteux , les aveugles, les exclus donc, à sa table plutôt que ses proches et amis ? J'avoue ne jamais avoir eu cette idée…et c'est bien dommage. Je laisse à diverses associations ou administrations le soin se charger de ces exclus quitte à leur faire un peu l'aumône. Mais est-ce que je comprends bien le message d'amour et de charité que Dieu a voulu nous laisser en nous envoyant son Fils ? En lisant le texte de Luc je me dis que je suis à côté de la plaque et que je dois ouvrir mon cœur aux exclus de notre société. Pas uniquement en me donnant bonne conscience par quelques dons en monnaie. Je dois aussi approcher, parler, écouter tous ces exclus. Et en y réfléchissant un peu je me rends compte que le conseil de Jésus m'apportera bien plus de satisfaction intérieure que la facilité habituelle. Son conseil me permettra aussi de sortir de mon milieu social habituel où tout le monde est pareil et finit vite par ne plus rien avoir à se dire si ce n'est la météo ou les résultats de la Starac. Une sorte d'appauvrissement de la pensée.

D'une façon plus générale, Jésus nous invite donc à nous ouvrir aux autres, à ne pas rester entre nous. Un message d'une brûlante actualité quand on songe aux débats qui agitent les médias jour après jour sur les immigrés ou les banlieusards. Jésus nous invite clairement dans l'Evangile de Saint-Luc à ouvrir nos portes, nos frontières à tous ces exclus. Une invitation d'autant plus justifiée que c'est le système économique dans lequel nous vivons qui crée cette exclusion sur toute la planète. Nous ne pouvons plus regarder les autres au travers de barbelés ou en train de se noyer dans des boat-people déglingués. Nous devons au contraire les inviter à notre table : ils sont les bienvenus !

Le chemin terrestre de Jésus n'a pas été facile mais il a laissé une trace profonde dans notre civilisation , dans nos cœurs. Une trace d'amour et de miséricorde qui nous oblige à nous remettre en cause. La foi n'est pas seulement une exigence de respect de règles en tous genres, c'est surtout un élan d'amour vers les autres, tous les autres. Ouvrons notre esprit à Jésus, ouvrons notre cœur aux autres.

Charles Durand

lundi 7 novembre 2005.