Nécessité de la pratique – Luc – 6/46-49

Jésus nous demande de l'écouter et de mettre ses paroles en pratique. Facile : c'est ce que nous faisons depuis toujours ! Du moins, c'est l'impression que nous avons et qui a l'immense avantage de nous donner bonne conscience. Mais si Jésus insiste autant en utilisant la parabole des fondations d'une maison, c'est que lui, n'est pas dupe et ne se laisse pas tromper par les apparences, par nos apparences…

Ecouter les paroles de Jésus, c'est facile, non ? Il suffit d'aller à la messe une fois par semaine et d'écouter la lecture de l'Evangile. Finalement un tout petit mini effort : quelques minutes par semaine…Oui, mais le reste du temps, les autres 6 jours, 23 heures et 50 minutes, on n'écoute pas les paroles de Jésus ; au contraire, on écoute et on entend beaucoup d'autres choses ; on se saoule d'informations en tous genres, de musiques, de bruits et on fuit le silence total comme étant quelque chose d'anormal. Ce raz-de-marée de bruits finit par nous faire oublier les paroles de Jésus aussi vite que nous les avons entendues. Peu à peu nous avons pris l'habitude de zapper dans tous les domaines et il en va de même quand il s'agit d'écouter Jésus. De nos jours, qui pourrait prétendre écouter Jésus en permanence ? Vous, peut-être, pas moi en tous cas, tellement les distractions sont nombreuses. Admettons, en toute modestie que nous pourrions mieux faire en nous arrêtant de temps en temps, en nous posant et en écoutant les paroles de Jésus.

Reste la mise en pratique pour établir les solides fondations de notre foi. Et là le chantier est immense. Trop souvent, on confond les apparences de la foi avec la foi elle-même. Il est vrai que la solennité de la plupart des sacrements peut laisser penser qu'on est en règle avec sa foi et avoir la conscience tranquille. Rien que l'idée que la foi se prouve en respectant des règlements ou des obligations laisse perplexe. Tout comptes faits, cela serait d'une facilité déconcertante : faire baptiser ses enfants, faire sa première communion, sa profession de foi, aller à la messe une fois par semaine, se marier à l'église, tout cela est assez banal mais cela ressemble plutôt à une construction faite à même le sol, sans fondations comme le disait Jésus dans sa parabole. Or, la foi profonde est en même temps moins contraignante et plus exigeante. Mettre en pratique les paroles de Jésus n'exige pas le respect de calendriers ou de rites plus ou moins figés, mais la préoccupation permanente de "faire la charité". Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés, nous a dit Jésus. Une parole brève, facile à comprendre et que nous pouvons avoir l'impression de mettre en pratique sans difficulté. J'ai souvent cette impression d'être en paix, d'être en harmonie avec cette parole : moi, j'aime les autres ! Ce sont les autres, des autres qui ne m'aiment pas, ou pas assez. Donc, je n'ai rien à changer dans mes petites habitudes. Mais la lecture de cette parabole des fondations solides m'interpelle et faire naître le doute. Est-ce que je ne me donne pas un peu trop facilement bonne conscience ? Jésus a raison, comme toujours, nous n'en faisons jamais assez : la foi, l'amour ne survivent que dans le mouvement ; si on s'arrête, qu'on se dit qu'on en a fait assez comme ça, alors c'est le signe que nous avons renoncé à avoir la foi, à aimer notre prochain. Mais alors, si on passe sa vie à construire les fondations de sa foi, il ne va plus rester de temps pour le reste. Sauf qu'à partir de fondations solides, non seulement on va résister à toutes les tempêtes de l'existence, mais on va pouvoir faire le reste très facilement et très vite.

Ecouter les paroles de Jésus aussi souvent qu'on le peut et même encore plus souvent c'est assurer à sa vie de solides fondations qui permettent d'affronter avec force toutes les épreuves de la vie. Ne nous arrêtons sur le chemin : continuons à avancer en écoutant Jésus et en mettant en pratique ses paroles.

Charles Durand

7 février 2005.