La Loi selon Jésus : se faire proche des autres.

A ce moment de l'Evangile, la réputation de Jésus est déjà bien assise dans le pays. Guérisons, miracles et paroles de sagesse lui ont assuré un statut de prophète hors du commun. Une réputation qui commence à inquiéter sérieusement les prêtres juifs de l'époque . Parmi les prêtres, les docteurs de la Loi sont censés détenir la vérité, toute la vérité sur la Loi, la Loi donnée par Moïse, la Loi mosaïque.

Et ce qui devait arriver arriva, l'un d'eux , dont le nom a été oublié depuis longtemps, un docteur de la Loi essaie de mettre Jésus à l'épreuve en lui posant une question destinée à l'embarrasser, à le confondre. Une question ardue : comment avoir la vie éternelle, rien que ça ! Pour le docteur de la Loi, la réponse est simple : il faut respecter rigoureusement la Loi, cette Loi qui le fait vivre et qui justifie son rôle social à lui, le docteur de la Loi.

A vrai dire, cette exigence du respect de la Loi se retrouve dans tout l'ancien testament. Tous les prophètes ont reçu ce message de Yahvé : pas de salut sans le strict respect de la Loi. Une Loi d'interdictions en tous genres, une Loi plutôt facile à suivre pour un homme normal et honnête. Ne pas tuer, ne pas voler, ne pas commettre d'adultère, honorer ses parents, honorer son Dieu, ne pas mentir, et quelques autres règles, tout cela est loin d'être insurmontable. C'est l'exigence du Dieu de l'ancien testament, un Dieu qui menace, qui punit, qui se met en colère.

Mais depuis que Jésus exerce son ministère ce Dieu, le même Dieu, bien sûr, insiste sur l'exigence d'aimer son prochain comme soi-même. A première vue, rien de plus facile. A première vue seulement, car cette exigence d'amour n'est pas forcément à portée de la main. Jésus, pour bien se faire comprendre ne se lance pas dans un discours théorique ou théologique. Non, comme à son habitude, il emploie une parabole, une petite histoire pour bien faire passer le message. Rien ne dit d'ailleurs que cette histoire n'ait pas été inventée de toutes pièces. Mais peu importe. C'est le sens profond de l'anecdote qui nous intéresse.

Jésus va très loin : un prêtre passe son chemin sans porter secours au blessé, de même pour un lévite, sorte d'adjoint au prêtre. Or, ces deux catégories sociales sont connues et réputées pour observer soigneusement la Loi. Bien sûr, ils se sentent sûrs d'eux et ne réalisent pas un seul instant que secourir son prochain sur une route puisse faire partie de la Loi. Pour eux, la Loi s'observe dans le temple et, eux, les gardiens de la Loi, veillent à ce que les autres la respectent scrupuleusement, sans quoi pas de salut. Finalement, c'est un Samaritain, donc un païen, honni par les juifs de l'époque, qui porte secours au blessé. Un secours qui va très, très loin puisque le Samaritain va jusqu'à lui payer le gîte et le couvert dans l'auberge où il l'a emmené. Du coup, ce païen est donné en exemple au docteur de la Loi par Jésus, un comble, une véritable provocation pour tous les prêtres juifs. D'ailleurs ce passage du nouveau testament a donné une excellente réputation aux Samaritains : qui ne souhaite pas rencontrer un bon samaritain sur son chemin ?

Ainsi, d'un Dieu sévère qu'il faut craindre, Jésus nous fait passer à un Dieu d'amour qui nous demande par-dessus tout de pratiquer, nous aussi, cet amour pour les autres. Un penchant qui est plus facile à dire qu'à faire. Ah bon, me direz-vous, mais c'est facile d'aimer. J'aime mon père, j'adore ma mère, j'aime mes enfants, mes frères, mes sœurs. C'est vrai que mes voisins, bof…Celui qui m'a fait un coup pendable, celui qui m'a volé, battu, je ne vais quand même pas les aimer. Et bien si, justement ! Aimer ses proches c'est bien, mais aimer son pire ennemi c'est mieux. Et c'est là qu'on réalise que la Loi de Moïse était bien plus facile à respecter que ce message divin porté par Jésus, Dieu venu parmi nous : "aimez-vous les uns les autres comme je vous aime"

Charles Durand

8 juillet 2007