Accueil de ce site :

Charles Durand du Brûlé vous propose de lire ses commentaires de la Bible...

 

 Evangile de Saint-Matthieu  - chapitre 10 versets 7 à13 

Envoi des apôtres en mission.

             Dans cet évangile, Jésus est au sommet de son activité prophétique. Il vient d'accomplir miracle sur miracle et sa réputation se répand dans tout le pays. Il vient de déclarer à ses disciples : "la moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux ; priez donc le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson". Il parle, bien sûr, de la conversion des foules, juifs et païens à la Bonne Nouvelle, la venue prochaine du Royaume des Cieux. La moisson des conversions s'annonce fructueuse et abondante. A condition, toutefois, qu'il y ait suffisamment d'ouvriers, des moissonneurs pour assurer cette récolte. Et, tout logiquement, il se tourne vers ses disciples les plus proches, les douze apôtres. Les douze que tout chrétien connaît bien : Pierre, André, Jacques fils de Zébédée, Jean, Philippe, Barthélémy, Thomas, Matthieu, Jacques fils d'Alphée, Thaddée, Simon et Judas. Et il leur donne les premiers conseils qu'on peut résumer en deux mots : modestie et dignité. Tout un programme ! Un programme très surprenant à première vue.

            Ainsi, la nouvelle considérable de la venue prochaine du royaume des Cieux doit se faire en toute modestie et surtout sans contrepartie monétaire, sans aucun paiement d'aucune sorte, sans aucun dédommagement de quelque nature que ce soit. On aurait pu s'attendre à ce que cette nouvelle considérable soit faite par des gens recouverts d'or et d'argent, de vêtements luxueux, démontrant ainsi que la prospérité matérielle est sur le point de bénéficier à tous ceux qui se convertissent. C'est oublier un peu vite que Jésus ne se place pas sur le registre de la vie matérielle mais sur celui de la vie spirituelle. Il dira plus tard, quelques heures avant sa mise en croix que son royaume n'est pas de ce monde. Il en va de même pour les apôtres : ils ont à annoncer le royaume des cieux et pas une augmentation du pouvoir d'achat…Jésus leur demande donc de se déplacer avec le minimum nécessaire. On remarquera en passant qu'il y a deux mille ans, le luxe matériel était pourtant très réduit. Les gens se déplaçaient à pied avec des vêtements rudimentaires , des sandales et un bâton. Quel luxe ! En 2007 , Jésus aurait du dresser une liste bien plus longue pour écarter les vêtements et chaussures de marque et surtout toutes les inutilités qui nous sont devenues indispensables comme les téléphones et autres gadgets portables…Mais peu importe : ce qui tient à cœur à Jésus, c'est que ses disciples, ses apôtres ne vivent pas aux crochets de ceux qu'ils vont ou qu'ils ont converti. L'ouvrier mérite sa nourriture, leur dit Jésus. Le treizième apôtre, Saint-Paul, le comprendra parfaitement par la suite en parcourant les chemins et les villes de l'antiquité pour y créer les premières communautés chrétiennes. Lui aussi vivait et se déplaçait dans le plus grand dénuement matériel et en exerçant son activité d'artisan fabricant de tentes.

            Jésus précise immédiatement ce que les apôtres risqueraient d'avoir mal compris de son premier conseil. Modestie et pauvreté matérielle ne signifient pas qu'il faut accepter n'importe quoi de n'importe qui. Non, le respect et la dignité doivent entourer les apôtres annonciateurs de la bonne nouvelle. Les apôtres ne doivent pas accepter de s'abaisser pour disséminer la bonne nouvelle. L'annonce du royaume des cieux doit atteindre celles et ceux qui sont disposés à l'entendre et les apôtres sont invités à fuir les maisons dans lesquelles ils sont mal accueillis ou dans lesquelles on refuse de les écouter. Autrement dit, Jésus n'invite pas ses apôtres à pratiquer un prosélytisme à n'importe quel prix : il ne s'agit pas de vouloir convertir tout le monde quitte à se livrer à des bassesses en tous genres. Non, la bonne nouvelle mérite infiniment mieux. A chacun est offerte la possibilité de l'accueillir, mais chacun reste libre et Jésus ne veut rien obtenir par la force ou par la ruse.

            Cet évangile reste d'actualité et chacun de nous doit se demander chaque jour qui passe, dans le tréfonds de sa conscience, s'il est bien prêt à accueillir la bonne nouvelle sans faire semblant et surtout s'il est prêt à abandonner tout son confort matériel pour mieux entendre la voix de Dieu qui nous appelle de tout son amour à la modestie et à la dignité.

            Charles Durand - 10 juin 2007

 
Vers le haut de la page

Pour m'envoyer un courriel :cd6d@wanadoo.fr