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Charles Durand du Brûlé vous propose de lire ses commentaires de la Bible...

 

Saint-Luc chapitre 4 versets 16 à 30.

  Jésus le prophète...

Imaginez un peu la scène. Dimanche dernier, pendant la messe, le lecteur, un fidèle comme vous et moi, une personne que vous connaissez probablement, termine la lecture du jour et , calmement, annonce que ce qu'il vient de lire est en train de s'accomplir : c'est lui le Seigneur venu apporter la Bonne Nouvelle. Quelle serait alors notre réaction ? Encore quelqu'un qui a complètement perdu la tête : il se prend pour le Messie…vraiment n'importe quoi ! Comme si le Seigneur pouvait être quelqu'un de banal, d'ordinaire. Encore, si c'était le prêtre, l'évêque ou Benoît XVI on pourrait l'accepter, mais un fils d'artisan, c'est vouloir nous prendre pour des imbéciles. En plus, il refuse de jouer les faiseurs de miracles pour nous alors qu'il l'a fait pour d'autres, comme à Capharnaum où il a exorcisé quelqu'un qui était possédé du démon. Non décidément, il y a de plus en plus de gens dérangés. Je n'affirmerais pas que celles et ceux qui nous écoutent auraient la même réaction, mais ce dont je suis sûr, c'est que, moi, je l'aurais eu cette réaction. En me disant que ce n'est pas très grave, de toutes façons il est bien gentil et on va pouvoir le soigner.

Au travers de ce passage de l'Evangile de Saint-Luc on mesure les difficultés énormes que Jésus a pu rencontrer pour mener à bien sa mission parmi nous. Il a fallu qu'il vive sa Passion et qu'il ressuscite pour que quelques-uns commencent à croire en lui, à croire que Dieu était vraiment venu parmi les hommes. Pourtant, il ne causait de tort à personne, exception faite quand même du clergé juif de l'époque dont le pouvoir était sévèrement menacé. Il en a guéri et soulagé des gens, mais, bien sûr, celles et ceux qui ne l'ont pas été étaient bien plus nombreux…ils étaient forcément jaloux et très méfiants sur la nature divine de leur voisin et compatriote. Une vraie mission impossible que de venir parmi les hommes, malgré la Toute Puissance du Père. Il est difficile pour nous, pauvres humains d'imaginer un autre plan, une autre stratégie pour nous faire accepter le caractère inouï et incroyable de la présence de Dieu parmi les hommes. Fallait-il que le Messie soit quelqu'un d'important dans la société ? Qu'il ait tout pouvoir sur tout et tous ? Qu'il soit immortel ? Ou je ne sais quoi d'autre plus de plus puissant et performant ? On n'ose pas imaginer la multitude de conflits, de jalousies, de jeux de pouvoir dont il aurait été l'objet, au détriment des plus humbles, des plus modestes. Non, décidément, si les voies du Seigneur sont impénétrables et souvent aberrantes à nos yeux, il faut bien reconnaître que c'est lui qui à toujours fait le bon choix, depuis la nuit des temps. Sur le coup, on ne comprend pas, on se révolte, on rejette Dieu. Mais après ou longtemps après on se rend compte que c'était quand même le meilleur plan. Et puis, pour qui nous prenons nous pour juger Dieu ainsi ?

Ainsi, nous ne pouvons que comprendre qu'à l'époque Jésus ait été rejeté par la plupart. Nous n'aurions pas fait autre chose, emprisonnés que nous sommes dans nos préjugés et nos habitudes. Il faut bien reconnaître qu'il est quand même plus facile et surtout plus confortable de croire en la présence spirituelle de Jésus parmi nous de nos jours. Comme on ne le voit plus physiquement, on se croit autorisé à l'ignorer quand ça nous arrange et à faire appel à lui quand on en a besoin. Comme si on pouvait se passer de sa présence à certains moments, de préférence quand tout va bien. Qu'un problème apparaisse et là, on se souvient subitement qu'il est là et hop : une petite prière pour demander un miracle ou une faveur. Mais, dites-moi, est-ce que vous apprécieriez vraiment qu'on ne fasse appel à vous que quand ça va mal et qu'on vous oublie le reste du temps ? Pas moi, en tous cas.

Alors, il nous faut arrêter de confondre Dieu avec une hot-line ou un numéro vert qu'on appelle au secours à chaque fois que rien ne va plus. Dieu est là, il nous écoute et en prime, dans sa grande miséricorde, il nous pardonne nos fautes, nos oublis, nos doutes. Oui, Dieu nous aime !

 

Charles Durand

Le Brûlé - 11 septembre 2006.

 

 
 
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