La résurrection selon Matthieu – chapitre 28 – versets 6 à 8.

La résurrection de Jésus est un des grands mystères de notre foi. Il s'agit d'un événement de nature divine et il échappe, d'une certaine façon, à nos modestes possibilités humaines. Depuis que l'homme existe, il prétend pouvoir tout comprendre, tout expliquer ; c'est comme ça que dans le jardin d'Eden il a voulu à tout prix cueillir les fruits de l'arbre de la connaissance avec les conséquences qui nous poursuivent jusqu'aujourd'hui avec ce péché originel. Bien évidemment, la résurrection de Jésus n'a pas échappé à cette course effrénée à la connaissance…sans aboutir . Eh oui, il faut bien se résigner : il n'y avait pas de caméra de surveillance dans le tombeau de Jésus ! Et pourtant, plus de deux mille ans plus tard, on en parle encore, plus que jamais. C'est autre chose qu'un fait divers un peu magique. Jésus est ressuscité et comme le dit si bien Matthieu : il vous précède en Galilée ; c'est là que vous le verrez.

Oui, Jésus nous précède. Il nous précède puisqu'il est venu sur terre il y a deux mille ans, mais surtout il nous précède dans la foi et il nous précèdera toujours dans ce domaine. C'est aussi une façon pour Matthieu de nous indiquer qu'il faut suivre Jésus dans son enseignement de la foi et de l'obéissance à Dieu. Suivre ce Jésus qui nous précède, c'est l'assurance de pouvoir le voir. Le voir mais pas comme le ferait une caméra, mais le voir dans notre cœur, dans notre esprit.

Alors, est-ce que c'est difficile de suivre Jésus ? Personnellement je ne le pense pas, ne serait-ce que parce que précisément Jésus ne nous demande ni de l'égaler et encore moins de le dépasser ; seulement de le suivre. Il nous a précédé dans le royaume de Dieu et nous a donné la façon d'y accéder. Mais fallait-il qu'il souffre ce terrible martyre avant de ressusciter ? Dans l'absolu on ne voit pas très bien l'utilité de toute cette immense souffrance si cela est suivi de la résurrection. Mais , comment Dieu aurait-il pu faire passer son message aux hommes si le Messie était mort de vieillesse dans son lit. Nous les hommes, nous sommes ainsi : nous avons besoin de "chocs" émotionnels pour accepter de comprendre. Jésus est porteur de messages de paix, d'humilité, de douceur et de rejet de la violence sous toutes ses formes : tout au long de sa vie publique il a apporté réconfort, consolation et guérison aux plus malheureux mais il a fallu les immenses violences de la Passion pour qu'enfin l'humanité prenne conscience que cet homme rachetait nos péchés et que nous devions suivre son exemple. Le choc de la Passion suivie immédiatement de la Résurrection a ouvert les yeux de bien des disciples qui allaient devenir les premiers chrétiens. C'est un peu dommage qu'il ait fallu en arriver à ces extrémités pour convaincre les humains de la divinité du Messie et surtout pour faire passer son message de paix. C'est même paradoxal que la paix doive passer par toutes ces épreuves. Pourtant Jésus avait accompli de multiples miracles en quelques mois, mais il a fallu la Passion pour créer un choc rédempteur.

L'homme est ainsi fait, il utilise sa liberté plus souvent pour de mauvaises causes que pour de nobles causes. Il lui faut, de nos jours, plus que jamais, du spectaculaire pour qu'il entrouvre son cœur à la paix et en chasse la jalousie et les intentions malsaines. On l'a vu à la fin 2004 avec la catastrophe naturelle du tsunami. Cette partie du monde connaissait depuis longtemps d'énormes problèmes, et il ne passait rien mais il a fallu cet événement colossal pour réveiller les consciences, du moins pendant quelques semaines. Pendant ce temps d'autres pays connaissent toujours des problèmes considérables : chaque jour qui passe 24 000 personnes meurent de faim, 1 000 en une heure. Leur "tort" c'est de mourir en silence, dans le silence de notre indifférence. Jésus ne nous demande pas de souffrir le martyre, il nous demande seulement de le suivre dans sa croisade de paix et d'amour.

Aimons nous les uns les autres comme il nous a aimé à chaque instant de notre vie.

Charles Durand

7 mars 2005