La
burqa ne fait pas l'extrémiste !
La
décision du Conseil d'Etat du 27 juin dernier de refuser la
nationalité française à une Marocaine portant une burqa. au motif
qu'elle a adopté, au nom d'une pratique radicale de sa religion, un
comportement en société incompatible avec les valeurs essentielles
de la communauté française et, notamment, le principe d'égalité
des sexes, est surréaliste.
Ainsi,
dans la France de 2008, l'adage populaire qui affirme que
"l'habit ne fait pas le moine" serait devenu obsolète. En
effet, comment les juges peuvent-ils connaître les convictions
religieuses de l'intéressée, domaine intime s'il en est.
S'arrêter
à l'aspect extérieur, à la tenue vestimentaire de la personne est
un peu court. Ou alors, il faudrait aussi exclure de notre pays toutes
les religieuses catholiques qui "osent" se promener dans les
rues avec une tenue qui affiche clairement leurs convictions
religieuses, radicales pour certaines, moins radicales pour d'autres.
Que dire de ces prêtres en aube, chasuble et étole qui défilent
dans les rues à l'occasion de telle ou telle fête religieuse ? Que
dire de ces musulmans qui osent parader, la barbe longue, dans leur
djellaba, dans les rues de Saint-Denis : probablement de dangereux
radicaux ? Que dire de ces dames qui osent porter leur sari et
afficher ainsi une pratique radicale de la religion tamoule ?
Alors,
une femme voilée ou vêtue d'une burqa peut-elle être qualifiée de
pratiquante radicale de sa religion ? Je crains que cela ne relève
que d'un prétexte mesquin pour certains de pouvoir affirmer
indirectement leur intolérance à l'Autre.
Le
fait que, dans le cas d'espèce, la gauche et la droite se soient félicitées
de la décision du Conseil d'Etat, est attristant et inquiétant pour
l'avenir de notre France. Un pays où le "vivre ensemble"
devrait être un idéal collectif en dehors de tout préjugé racial,
ethnique, philosophique ou religieux.
Pour
ma part, je ne peux qu'encourager toutes les femmes et tous les hommes
à se vêtir comme bon leur semble - burqa comprise - en évitant
l'indécence. Une indécence qui se répand et transforme nos rues en
défilé de nombrils féminins…Une indécence qui souligne la déréliction
de notre société dans laquelle "l'image" prend plus
d'importance que la beauté de l'âme. Dommage : personne n'y gagnera
rien.
Charles
Durand
Le
Brûlé - Saint-Denis