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le 11 aout 2009
Créoles,
honorez votre langue ! Pour commencer ce petit
billet d'humeur je voudrais que les créoles qui me lisent m'excusent de
m'exprimer en français, faute d'avoir appris à l'écrire jusqu'à présent.
Dommage. Mais rien n'est perdu. Depuis plus de quarante ans, mes oreilles de
zorey sont bercées par la mélodie et l'irremplaçable génie de ce trésor
culturel. On ne s'en lasse jamais. Comme tout "zoréole", je
m'essaie à baragouiner notre langue, avec plus ou moins de succès. Car, si
on est prompt à rectifier les fautes de français d'un créolophone, il
semble que l'on ne tient guère rigueur à ceux qui "malparlent"
le créole. Dommage car cela empêche de progresser. Cela signifie aussi
qu'on accepte de maltraiter la langue créole alors que le français doit,
lui, être respecté. Tout un programme. Le créole est une langue
et pas un patois, parole de linguistes. Comment certains créoles
peuvent-ils considérer qu'ils parlent un patois ? Mon dictionnaire (Petit
Robert - 1996) donne cette définition terrifiante de ce qu'est un patois :
"parler local, dialecte employé par une population généralement peu
nombreuse, souvent rurale, et dont la culture, le niveau de civilisation
sont jugés comme inférieurs à ceux du milieu environnant (qui emploie la
langue commune)". Dès lors, ces détracteurs
de la langue créole sont-ils prêts à considérer les créolophones comme
ayant une culture et un niveau de civilisation inférieur au milieu
environnant ? J'espère bien que non ! Même si je crains que cet
acharnement à disqualifier la langue créole au rang de patois ne soit le révélateur
de la persistance des structures mentales issues de la "société de
plantation". Persistance qui pourrit nos rapports entre nous et surtout
avec la "mère-patrie" qui a pourtant autant besoin de nous que
nous d'elle. Persistance qui nous empêche d'honorer la langue créole comme
il se doit, même si quelques-uns comme Daniel Honoré ne manquent pas une
occasion de brandir bien haut cet inestimable trésor collectif. Et c'est
tant mieux. Charles Durand - Le Brûlé
- Saint-Denis de La Réunion. |