Charles Durand * Village du Brûlé

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rédaction le 13 octobre 2009 

Question de dignité.

  Depuis plus d'un demi-siècle la Réunion quémande les mêmes droits et les mêmes devoirs que les autres Français. Attitude qui n'est pas restée vaine puisqu'elle a conduit à des effets, certains positifs et d'autres négatifs. En bref, depuis la fin de la colonie nous sommes en attente du bon vouloir des Parisiens pour tout ce qui nous concerne. Une relation paternaliste qui nous infantilise de plus en plus. Les états généraux ont consacré ce rapport délétère. La question posée était : "Vous, les ultramarins, dites-nous donc ce que nous pouvons faire pour vous aider ?". Un questionnement qui porte atteinte à notre dignité puisqu'il implique que nous ne puissions exister que grâce à la mère-patrie. Il est temps de nous ressaisir et d'affirmer notre dignité en inversant la question en demandant : "Vous, les autres Français, que pouvons-nous faire pour vous aider ?". Car nous avons des compétences, du dynamisme, des aptitudes à l'innovation, des infrastructures, une situation stratégique,…une liste interminable d'atouts que nous pouvons développer et mettre à profit pour soutenir la nation dont nous faisons partie depuis près de 350 ans. Il faut en finir avec notre complexe d'infériorité hérité de l'ancienne société de plantation et qui perdure dans nos têtes. Peu de régions françaises apportent autant de "bénéfices" que nous au reste de la nation.

De la Compagnie des Indes jusqu'à la Troisième République les choses étaient claires : la colonie devait être rentable avec ses épices, son café, son sucre. Peu importe la façon dont la population était (mal)traitée. Mais depuis 1946, la relation est devenue bien plus ambiguë. Non sans mal, peu à peu les mêmes droits ont été accordés aux Réunionnais. Des droits accompagnés d'un reproche à peine voilé : vous coûtez bien trop cher à la métropole. Le temps est donc venu d'interroger la nation sur ce qu'elle attend de nous. Est-ce que c'est un apport de voix décisif au moment de certaines consultations électorales ? Un lieu de villégiature pour continentaux en mal de soleil ? Une base pour les forces armées ? Une vitrine du matérialisme occidental dans l'Océan Indien ? Un réservoir de salariés peu qualifiés pour accomplir des basses besognes d'immigrés dont la France ne veut plus ? Un pactole en forme de chasse gardée pour les compagnies de transports maritimes et aériens ? Ou comme le pensent beaucoup de Français un boulet budgétaire dont il est urgent de se débarrasser ?

Le moment est venu de revendiquer un nouveau contrat pour la Réunion avec le reste de la nation. Une nation qui vient, enfin, d'abandonner l'article 88 de sa Constitution qui du haut de son arrogance colonialiste proposait encore, il y a un an, que "La République ou la communauté peuvent conclure des accords avec des Etats qui désirent s'associer à elle pour développer leurs civilisations." Rien que ça ! Nous pouvons donc désormais négocier nos contributions au destin national. Je fais le pari que les Réunionnais sauront relever le défi. Nou lé pa plis, nou lé pa moin. Nou lé kapab…nou la fé ! Question de dignité.

  Charles Durand

Le Brûlé - Saint-Denis (La Réunion).

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