Charles Durand * Village du Brûlé

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rédaction le 25 mars 2009

            Etats généraux de l'outre-mer : nouveau piège à c…?

 

            Il ya un siècle, Georges Clémenceau disait: "Quand je veux enterrer un problème, je crée une commission". Depuis, cette stratégie a fait florès parmi nos gouvernants. Ainsi, l'Observatoire des prix et des revenus et son avorton le chariot-type n'ont servi à rien. Un Comité interministériel de l'outre-mer a été créé pendant la grande grève de Guadeloupe pour un résultat improbable. Dernier avatar de cette abondante création de "comités Théodule" : les Etats généraux de l'outre-mer. Le pilote est désigné, c'est le préfet Samuel ; un calendrier précipité est fixé puisqu'une synthèse est prévue dès fin mai-début juin, dans à peine deux mois ; l'ordre du jour et la composition des assemblées sont entre les mains de l'Etat. Et pendant ce temps-là, "cabri i manj salade" puisque la LODEOM est déjà en cours de discussion au Parlement ! A qui fera-t-on croire que ce nouveau "machin" va régler les problèmes de développement des outremers ?

            Notre éloignement de la métropole et de l'Europe constitue une bénédiction pour certains mais une malédiction pour la majorité. Bénédiction pour ceux qui justifient ainsi leur sur-rémunération ou leurs marges commerciales confortables. Mais malédiction pour ceux qui subissent un coût de la vie supérieur à la métropole. Les Etats généraux vont-ils s'emparer de la question de la continuité territoriale en rétablissant un minimum d'équité entre Français, puisque les Corses perçoivent 183 millions à ce titre ? Ces régions ultra-marines ne connaîtront aucun réel développement tant que l'espoir de toute une jeunesse diplômée sera de rentrer dans une fonction publique protégée et bien payée. Intégrer le secteur productif est perçu comme un moindre mal, faute de mieux.

            La seule ligne politique discernable de l'Etat pour les outremers depuis 60 ans est qu'ils coûtent le moins cher possible à la nation. Quitte à lâcher du lest en fonction de la puissance des groupes de pression ou des mouvements revendicatifs du moment. Une politique au coup par coup, à courte vue, qui ne respecte que les plus forts et aboutit à des distorsions de plus en plus insupportables pour des populations qui n'ont plus d'espoir. Je doute qu'en deux mois on puisse, d'un coup de baguette magique, rétablir les outremers dans un cercle vertueux de vrai développement. La "crise" est bienvenue et servira de prétexte à l'Etat pour serrer les cordons de la bourse et prendre des mesures pour restreindre sa participation et alourdir la facture pour les collectivités locales.

            Alors, je suggère aux participants de cette grand messe d'être circonspects et de méditer la récente déclaration d'Elie Domota au journal Le Monde (24 mars 2008) : "Nous serions bons pour la musique, pour le foot, et même pour Miss France, mais dès qu'il s'agit d'accéder à des postes d'encadrement il y a un problème. On demande un peu de respect".

 

Charles Durand

Le Brûlé - Saint-Denis

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