La Poste manque de postes.

            Depuis quelques années, sous la pression libérale des eurocrates, nos services publics sont contraints de basculer vers une gestion de type privé. Pourquoi pas ? D'autant que la gestion privée est censée être plus performante que celle des services publics. C'est le cas de la Poste, dont l'ancêtre PTT avait les faveurs de nos concitoyens. Mais il devenait urgent de secouer tous ces fonctionnaires paresseux (excusez le pléonasme) et de se dévouer à la déesse productivité. On allait voir ce qu'on allait voir !

            De mes relations quotidiennes avec les agents de terrain (facteurs et guichetiers au Brûlé ou ailleurs à Saint-Denis) je sentais monter un malaise, doux euphémisme pour traduire un stress toujours plus intense du personnel de terrain.

            Et, cette semaine, patatras, le bel édifice consacré à la déesse productivité s'écroule. Notre postière a eu le malheur de prendre des congés ! C'est son droit, d'autant qu'elle est seule dans notre village de parias pour assurer la permanence. Bonjour pour tenir trois heures d'affilée derrière un guichet sans pouvoir s'absenter un seul instant pour s'isoler en cas de besoin. Etant en congés, on pouvait s'attendre à ce qu'un remplaçant daigne monter dans nos brumes. Que nenni ! La direction contactée m'a confirmé que le bureau du Brûlé serait fermé au moins jusqu'à la semaine prochaine, faute de personnel !

            Alors, de deux choses l'une. Ou bien la Poste adopte une gestion privée et alors on imagine difficilement un commerce de services se permettant de fermer sans préavis et sans indiquer de durée de fermeture. C'est la faillite assurée. Ou bien la Poste adopte une gestion de service public et alors elle prend ses dispositions pour l'assurer ce service public !

            Quant on sait que, par ailleurs, notre facteur n'a même pas été prévenu de cette fermeture intempestive et qu'il dépose donc logiquement des avis de passage en cas d'absence en donnant rendez-vous au bureau alors qu'il est fermé, alors on se dit que rien ne va plus à la Poste. Nous n'avons aucun automate postal au Brûlé et encore moins de distributeur de billets qui pourraient nous dépanner. Et le bureau le plus proche, celui de Bellepierre, vient d'être fermé définitivement par la Poste avec la complicité active de casseurs qui ont emporté la caisse ! En attendant notre tour car, bien évidemment, la sécurité de notre bureau est des plus rudimentaires…

            Au total, on ne peut que constater que la gestion effectuée par les trop nombreux technocrates de la Poste qui passent leur temps en réunions, commissions et autres comités est des plus défectueuse. Oui, la Poste manque de postes pour ses activités de proximité sur le terrain. Licenciez donc quelques directeurs, sous-directeurs et petits chefs inutiles et rendez nous nos facteurs et nos guichetiers.

Charles Durand

Le Brûlé - Saint-Denis