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Charles Durand du Brûlé vous propose de lire ses courriers de lecteur...

 

Des larmes de naissance.

 

Il était une fois une étoile, une toute petite étoile dans l'univers. Notre univers qui en compte des milliards de milliards. Et cette petite étoile était très malheureuse car elle n'avait encore donné naissance à aucune planète. Les planètes sont les petits, les enfants des étoiles. Et c'est bien connu, toutes les étoiles ont des enfants-planètes. Des enfants qui n'arrêtent pas de tourner autour de leur maman. Des enfants qui jouent à cache-cache et qui disparaissent le temps d'une petite éclipse. Bien sûr, notre petite étoile était bien jeune, à peine quatre milliards et demi d'années. Une adolescente dans le firmament des étoiles. La plupart de ses sœurs étaient bien plus âgées –jusqu'à huit milliards d'années- et avaient de nombreux enfants-planètes.

La petite étoile ne savait pas comment faire pour avoir des enfants-planètes et ses grandes sœurs étaient bien trop fières et égoïstes pour lui expliquer. Elle se morfondait, seule sans enfants dans l'univers. Alors, prise d'un grand désespoir, elle se mit à pleurer à chaudes larmes. Les étoiles pleurent toujours à chaudes larmes, un peu plus de 2 millions de degrés Kelvin pour notre petite étoile. Et elle a bien fait de pleurer car c'est ainsi que les étoiles font des enfants. Ses sœurs s'étaient bien gardées de lui dire, mais la nature fait bien les choses. Et ce qui devait arriver arriva : les larmes formèrent des gouttes qui tombèrent une à une de ses rayons étincelants. Dans le froid interstellaire, les larmes se refroidirent et se solidifièrent. Les enfants-planètes de la petite étoile étaient en train de naître de ses larmes incandescentes. Le gros chagrin de la petite étoile allait en diminuant et ses larmes étaient de moins en moins abondantes. Les gouttes tombaient de moins en moins loin. Elle s'empressa de donner un nom à ses enfants-planètes : Pluton, Neptune, Uranus, Saturne née avec de jolis anneaux, Jupiter, Mars, Vénus et Mercure. Huit enfants en un seul chagrin. Bel exploit salué d'un éclat particulier par ses sœurs fort ravies de voir leur petite sœur enfin comblée.

C'est alors que se produisit une chose incroyable, jamais vue dans l'univers. Envahie d'un immense bonheur de voir ses huit enfants-planètes tourner autour d'elle, elle se mit à pleurer…de joie ! Les étoiles pleurent de chagrin, jamais de joie, tout le monde sait ça ! Mais si les larmes de chagrin des étoiles donnent naissance à des enfants-planètes, c'est un peu différent pour les larmes de joie. Dans ce cas-là, la goutte de larme reste attachée à l'étoile par une longue, longue larme de plusieurs années-lumière. Et notre petite étoile était bien embarrassée de voir son nouvel enfant tout bleu resté attaché à elle par cette sorte de cordon ombilical. Un joli bleu marbré, une véritable perle de l'univers, la dernière-née. La petite étoile aurait bien maintenu ce lien maternel, mais le carrousel endiablé de ses huit autres enfants-planètes rendait la chose risquée et dangereuse. Imaginez qu'une planète coupe la larme ombilicale et génère un cataclysme cosmique !

Notre petite étoile dû donc se résoudre à couper ce lien et à laisser tourner sa dernière-née sur elle-même et à entrer dans le carrousel de ses frères et sœurs. Alors, elle choisit soigneusement un endroit pour ne pas faire trop mal à sa dernière-née en coupant le lien mère-enfant. En plein grand bleu sur la perle de l'univers. La Réunion venait de naître, ombilic non encore cicatrisé de la planète Terre…

 

Charles Durand

Le Brûlé - Saint-Denis

 

P.S. toute ressemblance de ce conte avec une situation réelle est purement fortuite. Quant aux inexactitudes astronomiques, elles sont volontaires et délibérées. Ce conte ne doit donc pas être mis entre les mains d'enfants de moins de 77 ans.

 

 
 
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