Accueil de ce site :

Charles Durand du Brûlé vous propose de lire ses courriers de lecteur...

 

  Observatoire des prix : le PIEGE est tendu !

 

Depuis quelques semaines, le microcosme s'agite pour faire éclore l'Observatoire des prix et des revenus. Tout le monde s'accorde depuis un bon demi-siècle pour dire qu'il est urgent de revoir les politiques de revenus au regard du niveau des prix dans notre île. Une urgence jamais démentie qui s'est toujours soldée…par un report des décisions à prendre. Il faut dire qu'on se trouve toujours avant une élection et qu'il est donc urgent d'attendre. Toute l'habileté des décideurs, et de l'Etat en particulier, consiste à gagner du temps en faisant traîner les choses. La dernière trouvaille est donc de temporiser pour mettre en place ce "machin" totalement inutile. La partie est quasiment gagnée : l'Observatoire n'agira qu'après l'élection présidentielle. Ouf !

Pourquoi inutile cet observatoire ? Je m'explique. A la Réunion, comme en France, les prix sont totalement libres. Exception faite pour les carburants à la Réunion. On aura beau décortiquer la formation des prix, on ne pourra que constater qu'il y a, ici, des marges excessives ou là, des frais de transport, d'assurance et des taxes qui alourdissent la note au niveau du consommateur. La seule action possible reste la vigilance des consommateurs. De plus, la Direction de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes a les compétences nécessaires pour faire ce travail : elle le fait partiellement dans le cadre normal de ses activités. Quant au niveau d'ensemble des prix, il y a belle lurette que l'Insee l'a estimée, à plusieurs reprises au cours des 50 dernières années, à 25 % au-dessus de la métropole. Quoi qu'il arrive, observatoire ou pas, on aboutira au même ordre de grandeur. C'est une donnée structurelle due à l'éloignement qui n'a rien à voir avec les rémunérations de la fonction publique ou autres élucubrations.

Et c'est là que le bât blesse ! Le simple bon sens voudrait donc que le SMIC, les salaires du privé et toutes les aides sociales soient augmentés de 25% et que, par ailleurs, les rémunérations de tous les agents (titulaires ou non, retraités) des fonctions publiques (Etat, collectivités locales, hospitaliers) soient, selon les cas, ramenées ou portées à 25% de plus par rapport à celles de métropole. De même, pour les honoraires des professions libérales qui connaissent la même anarchie. Par exemple, pourquoi les consultations de généralistes sont-elles plus fortes qu'en métropole alors que pour les dentistes c'est au même niveau. On voit bien que pour remettre tout ça dans une simple logique de bon sens, la tâche est herculéenne. Là encore des études ont été menées depuis longtemps par l'Insee. De plus, la plupart des revenus nominaux sont publics (barèmes, conventions collectives, index de correction,…). A quoi servirait un Observatoire ?

Enfin, en termes de dialogue et de synthèse, il me semble qu'il existe une institution qui pourrait s'emparer du problème. Je suggère que le Conseil Economique et Social de la Réunion prenne le taureau par les cornes et mette l'Etat devant ses responsabilités. Qui décide des barèmes des aides sociales ? Qui décide du niveau du SMIC ? Qui décide des rémunérations des fonctions publiques ? Qui décide des honoraires des professions libérales ? L'Etat bien sûr ! Et qui ne veut rien décider ? Toujours l'Etat ! Et comment ? En créant une commission, un observatoire, pourquoi pas une agence tant qu'on y est.

Alors ne tombons pas dans ce piège grossier. Que l'Insee mette à jour ses comparaisons de prix et qu'il recense avec les autres services publics (financiers et sociaux) les revenus nominaux. Que le CESR - qui rassemble tous les partenaires sociaux - fasse des propositions concrètes à l'Etat, grand responsables des désordres actuels. Et que l'Etat décide enfin après cinquante ans de gestion "au petit pied".

 

Charles Durand – statisticien à la retraite

Le Brûlé  Saint-Denis

 

 
 
Vers le haut de la page

Pour m'envoyer un courriel :cd6d@wanadoo.fr