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Charles Durand du Brûlé vous propose de lire ses courriers de lecteur...

 

          

La Poste du Brûlé agonise à petit feu.

 

            Au Brûlé, petit village déshérité des hauts de Saint-Denis, c'est dans la plus grande discrétion que la Poste est en pleine agonie. On dit souvent qu'on ne parle que des trains qui sont en retard, mais à la Poste, c'est l'inverse : on ne parle que des trains qui arrivent à l'heure. Les rénovations de bureaux de poste font l'objet de reprises médiatiques bien organisées. Mais les fermetures franches ou larvées sont très discrètes. On n'aime pas les trains en retard à la Poste…Mais chut…!

            Au Brûlé la situation se dégrade à grande vitesse. Il y a trois mois, l'unique postière n'a pas été remplacée pendant une semaine. Puis, début mai, une affichette discrète annonçait que désormais le bureau ne serait plus ouvert que le matin. Un "désormais" reporté du 2 au 9 mai, actualité électorale oblige ! La Poste a de ces délicatesses touchantes…Et puis, patatras, notre postière tombe malade cette semaine et le bureau reste fermé trois jours de suite faute d'interim . Bref, il s'agit d'habituer les pat'jaunes à se passer de la Poste. Quand on sait que la poste de Bellepierre est aussi fermée depuis le braquage qu'elle a subi. Que pour faire un aller-retour à la poste la plus proche (la recette principale) il faut quasiment une journée pour cause de multiples changements de bus. Que, de plus, il n'existe aucun distributeur de billets et encore moins d'automate postal au Brûlé. Alors, tant pis pour ceux qui n'ont pas de véhicule…

            Et pourtant, la lecture des rapports officiels de la Poste au niveau national devrait nous rassurer. On peut lire, page 11 du rapport d'activités 2006 qu' "à l’heure où les grandes postes européennes réduisaient leur présence, La Poste a fait le choix de rester au plus près des Français". Bravo pour le choix ! Toutefois, à la page 49 du rapport financier 2006 il est écrit que "la Poste bénéficie d’un abattement…prévu par la loi du 2 juillet 1990, qui est la contrepartie des contraintes de desserte de l’ensemble du territoire national…qui s’imposent à La Poste." La Poste fait donc des "choix" qui, en réalité, lui sont imposés. A preuve, l'article 21 de la loi en question qui précise que "les bases d'imposition de La Poste font l'objet d'un abattement égal à 85 p. 100 de leur montant. L'abattement ne donne pas lieu à compensation par l'Etat." Mais les rapports de la Poste oublient soigneusement de préciser ce dernier point. En clair, cela veut dire que l'entreprise postale bénéficie de privilèges fiscaux locaux. Et qui doit payer ? Eh bien vous et moi au travers de nos impôts locaux qui doivent être majorés pour compenser le manque à gagner des collectivités locales du fait de ce dispositif qui leur est imposé par la loi.

            Le comble serait que nous payions nos impôts locaux majorés à cause de la faveur fiscale consentie à la Poste par l'Etat mais que le superbe "choix" de la Poste de "rester au plus près des Français" se traduise par une fermeture du peu qui nous reste de service public dans les Hauts.

 

            Charles Durand

            Le Brûlé - Saint-Denis
 
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