Charles Durand * Village du Brûlé

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rédaction le 7 mai 2009           

Pourquoi la Réunion est encore française ?

 

Il faut bien se poser la question puisque une réputation d'assistés nous colle à la peau depuis plusieurs décennies. Nous sommes lucides sur le fait que si on posait la question demain à l'ensemble des Français, une large majorité serait favorable à un "largage" de la Réunion. Une menace qui a fait le fonds de commerce de tous les partis conservateurs depuis 60 ans. Alors, pourquoi la France conserve-t-elle la Réunion dans son giron ? Une Réunion qui est accusée de coûter fort cher aux finances nationales.

Je fais l'hypothèse (hardie?) que c'est uniquement pour des raisons de géopolitique. La France, un petit pays européen de moins de 70 millions d'habitants a quand même voix au chapitre dans toutes les instances mondiales. Il y a des raisons historiques et économiques, certes. Mais avec ses 11 millions de km2 de zone économique exclusive (ZEE) la France est la seconde puissance maritime du monde juste derrière les Etats-Unis. La France est ce qu'elle est grâce à ses outremers !

C'est si vrai que tout récemment les îles éparses de l'Océan Indien, qui dépendaient jusqu'alors du préfet de la Réunion, ont été rattachées discrètement au préfet des TAAF : on ne sait jamais, si les Réunionnais "divorçaient" de la métropole…! Même scenario aux Antilles où les dépendances de la Guadeloupe (St-Martin et St-Barthélémy) en ont été détachées dans l'indifférence générale. Rappelons-nous aussi le milieu des années 1970 quand un certain Giscard d'Estaing dénonçait le coût des danseuses (les outremers français) et manœuvrait habilement pour détacher Mayotte de l'archipel des Comores  considéré comme un seul et unique TOM pendant plus d'un siècle. Il faut dire que la France venait de se faire jeter de Diego-Suarez, sa base navale militaire de l'Océan Indien : alors le superbe lagon de Mayotte pouvant accueillir toute la marine française valait bien de conserver une danseuse…

Peu de Réunionnais savent que nous sommes le troisième port militaire français après Brest et Toulon, sans oublier la base aérienne 181 et toute la logistique des FAZSOI. Soyons rassurés, la France a vraiment besoin de nous. Et elle y met le prix ? Pas vraiment : point d'appui stratégique majeur notre île doit coûter le moins cher possible, c'est la politique intangible de Rivoli-Bercy depuis 1946. Les transferts financiers sont importants, certes, mais ils retournent vite à l'envoyeur sous forme d'importations de métropole : une sorte de subvention indirecte aux entrepreneurs de France continentale qui leur permet de faire du chiffre d'affaires et de maintenir des emplois sans oublier les transporteurs maritimes et aériens qui se gavent sur la "bête".

Pour conclure, je dirais que si les hasards de l'histoire nous séparaient de la France, il y aurait une bousculade de grandes puissances pour nous mettre dans leur orbite. Soyons sans complexes et consacrons toute notre énergie à nous montrer dignes du génie créole dont nous avons hérité.

  Charles Durand

Le Brûlé - Saint-Denis  

http://fr.wikipedia.org/wiki/Zone_économique_exclusive#cite_note-2

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/36/EEZ_France.png  

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