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Charles Durand du Brûlé vous propose de lire ses courriers de lecteur...

 

Voir le bout du tunnel…

 

            Notre route en corniche fait régulièrement la une des médias. Tout le monde s'accorde à dire qu'il faudrait trouver une solution définitive pour voir, enfin, le bout du tunnel. Mais pour en voir le bout il faut être dans le tunnel. Et pour être dans le tunnel, il faut en avoir creusé le début. Et c'est bien là tout le problème : on a pas encore creusé un seul centimètre du début du tunnel. On n'est donc pas près d'en voir le bout !

Est-ce si difficile ? Au XIXème siècle, on a réussi à creuser un tunnel ferroviaire de 12 kilomètres en deux tronçons entre Saint-Denis et La Possession. Trafic garanti par tout temps, cyclones et raz-de-marée compris. Trop simple sans doute pour les technocrates de service qui ont concocté la route actuelle et pour ceux qui concoctent la future liaison.

Il se trouve qu'au début des années soixante-dix, j'assistais comme les autres chefs de service de l'administration aux séances du Conseil Général. Je me souviens très de la séance au cours de laquelle fut décidé le tracé de la nouvelle route à quatre voies destinée à remplacer la route de 1963. Un dossier de 10 centimètres d'épaisseur pour le tracé actuel, quelques feuillets pour le tracé "Emile Hugot" en hauteur, quelques feuillets pour le tunnel. Les deux dernières solutions étant écartées d'un revers de main par les "experts" pour cause de coût prohibitif. Quelques conseillers eurent beau dénoncer l'impossibilité de décider en toute connaissance de cause le tracé mortifère que nous connaissons fut voté.

A l'époque la rumeur soupçonnait les ingénieurs de l'équipement de vouloir se faire plaisir en ayant la maîtrise d'ouvrage d'un chantier original (c'est bon pour la carrière)…et de pérenniser la perception de primes calculées en partie en fonction des travaux d'entretien d'un ouvrage qui en demanderait beaucoup. Effectivement, il y eu des surcoûts pour faire aboutir le chantier, rallonges toujours votées facilement avec l'alibi facile qu'il fallait aller jusqu'au bout d'un projet bien entamé. C'est une stratégie de base du technocrate pour faire passer un projet : on sous-estime massivement le coût du projet qu'on veut faire voter. En cours de travaux, on obtient avec facilité des rallonges, en plusieurs fois de préférence pour ne pas effrayer ceux qui "décident". Et vogue la galère. Quant aux travaux d'entretien, le festival continue et n'est pas prêt d'être fini.

Quand les politiques oseront-ils demander à un organisme indépendant une estimation du coût de la "nouvelle" route depuis sa construction, son entretien et les conséquences économiques considérables de ses fermetures totales ou partielles ?

Mesurer ce coût montrera que la solution du tunnel était bien plus économique et permettait d'assurer en toute sécurité et en permanence, contre vents et marées, la liaison stratégique du chef-lieu aux ports. Combien de deuils et de handicapés évités par cette simple solution? Une solution extensible à volonté en creusant des nouveaux tubes au fur et à mesure des besoins…pour voir enfin le bout du tunnel.

 

Charles Durand

Le Brûlé – Saint-Denis

 

 
 
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