Charles Durand du Brûlé vous propose de lire ses courriers de lecteur...

 

Embaucher : un comportement à risque.

 

Parler de création d'emplois est à la mode depuis des décennies, aujourd'hui plus que jamais. Le gros problème est que les politiques en parlent beaucoup et décident de mesures en tous genres mais que ce ne sont pas ceux qui prennent le risque d'embaucher. Un risque inconsidéré quand on réfléchit un peu en prenant la peine de se mettre un instant à la place d'un employeur.

Les politiques, raisonnent et décident avec, comme seul horizon, l'échéance électorale suivante. Pire, ils se réservent le "droit" exorbitant de revenir chaque année sur leurs décisions à l'occasion du vote de la loi de finances. Les récentes annonces relatives au plafonnement de la défiscalisation ou à la remise en cause de la TVA remboursée sont de nature à inquiéter sérieusement les employeurs. Du coup, quelles que soient la qualité et la pertinence des mesures d'incitation décidées, cela ne marche pas. Pourquoi ? Tout simplement parce que les employeurs, eux, raisonnent sur un délai beaucoup plus long. Embaucher un salarié en CDI, c'est pour plusieurs dizaines d'années : nos politiques l'oublient vite et se défaussent trop facilement sur les employeurs.

Les employeurs ont absolument besoin de savoir à quelle "sauce" ils vont être mangés au moins dans les 10-15 ans qui viennent. Alors, on peut leur promettre monts et merveilles sur des aides, des exonérations, des formules de contrats diverses et variées : tout cela ne sert à rien si c'est remis en cause dès l'année suivante. Ou si, dans moins de deux ans, tout est détricoté par une alternance politique. Le fameux "contrat nouvelle embauche" est peut être tentant, mais si dans deux ans on le remet en cause en vous obligeant à le transformer en CDI vous vous serez fait avoir…Conséquence logique, les employeurs étant tout sauf idiots, ils ne font absolument pas confiance à des mesures politiques fragiles et révocables. Pas fous, ils n'embauchent que si leur marché se développe et les incitations politiques n'ont qu'un effet d'aubaine, pas plus.

C'est si vrai qu'il y a eu beaucoup plus de créations d'emploi pendant les "années Jospin" que depuis les trois dernières années. Or, la réglementation du travail était alors bien plus exigeante pour les employeurs, qu'actuellement. La croissance et le développement du marché ont été bien plus motivants pour les employeurs que des promesses pouvant être remises en cause année après année.

L'embauche reste un comportement à haut risque pour un employeur. Tant que les politiques ne mettront pas en place des dispositifs en "béton", garantis sur le long terme, quelle que soit la conjoncture et les idéologies au pouvoir, le problème de l'emploi restera sans solution. Changer la "règle du jeu de l'emploi" tous les ans est inadmissible vis-à-vis d'acteurs économiques qui ont  déjà assez à faire pour gérer tous les autres risques de l'entreprise.

 

Charles Durand

            Le Brûlé - Saint-Denis.

 

 
 
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