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Charles Durand du Brûlé vous propose de lire ses courriers de lecteur...

 

Et maintenant, commandant, on va où ?

 

Le super-tanker France peut continuer sa route. Le commandant Chirac connaît maintenant son équipage et va pouvoir désigner son second. Pour les soutiers que nous sommes, la question de savoir où nous allons reste entière ! A tribord, certes, mais vers quel port ? Vers quels écueils ? Vers quel "nulle part" ? Difficile à savoir.

Il nous reste à retourner dans les cales et à souquer, comme d'habitude. Dans le silence le plus complet, s'il vous plaît, pour ceux qui se trouvent aux extrêmes tribord ou bâbord. Pas de place pour eux dans les coursives et encore moins au carré des officiers. Dommage, car ils n'ont pas forcément que de mauvaises idées. Il faudra se passer de leurs appels de vigie sur les récifs qui se profilent à l'horizon. Nous allons donc peut-être aller plus vite, plus loin, vers tribord mais sans but précis et c'est bien ça qui doit nous interpeller.

Nous sommes à bord d'un des navires les plus luxueux de la planète, dans l'armada européenne qui, elle-même ne s'est pas fixé d'objectif visible. Notre direction est-elle laissée au bon vouloir des courants et des vents de la "mondialisation" qui nous poussent ou nous repoussent de façon incohérente ? A quoi sert d'avoir un puissant moteur et la barre en main si c'est pour se laisser porter et se contenter de louvoyer au plus près entre les écueils ? Allons nous consacrer toute notre énergie à mettre aux fers tous les sauvageons qui taguent les coursives ou roulent en skate sur le pont ? Allons-nous rehausser le bastingage pour empêcher de monter à bord tous les damnés des boat-people qui rodent autour du navire ?

Quant aux Réunionnais et autres Ultramarins qui sont à la traîne dans des canots de plus en plus luxueux, ils vont forcément vers le même non-objectif. Alors quand chaque famille réunionnaise aura sa case avec piscine, un 4X4 par adulte et un home-cinéma pour chaque personne, il ne nous restera plus que l'obésité comme but dans la vie ! A l'image des habitants de l'île de Nauru dans le Pacifique qui ont eu la malchance d'hériter de la rente du phosphate et vivent dans l'oisiveté la plus totale et la plus délétère.

Oui, décidément, il devient urgent de réunir tous les Réunionnais sans exclusive utour d'un projet collectif de développement durable dans cette île où la prédation de l'homme n'a jamais cessé depuis que le premier a mis les pieds dessus.

 

Charles Durand

Saint-Denis

 

 
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