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Charles Durand du Brûlé vous propose de lire ses courriers de lecteur...

 

Peine de mort ? Peine de vie?

 

Dix détenus de la centrale de Clairvaux ont réclamé, dans une lettre publiée le 24 janvier, le rétablissement de la peine de mort "face au désespoir des longues peines". Cette information plutôt surprenante apporte, de façon paradoxale, un argument de plus contre la peine de mort.

Considérer la mort d'un individu comme une sanction est une absurdité. Au-delà de nos convictions religieuses qui s'opposent catégoriquement à la mise à mort de qui que ce soit, il faut bien se dire qu'aucun criminel ne consulte le "barème" des sanctions avant de commettre son crime. Soit il commet son crime dans un moment de passion aveugle qui empêche tout discernement et toute préméditation, soit il prépare son crime en espérant bien ne jamais être pris, ce qui arrive hélas. La menace de la peine de mort n'a donc jamais eu aucun effet dissuasif sur aucun criminel.

Mieux, la réaction des dix détenus de longue durée, montre que la "peine de vie" est, elle,  ressentie comme une sanction bien réelle. Au demeurant, les condamnés à mort de certains Etats des Etats-Unis, qui doivent passer de longue années en détention avant d'être exécutés se sont exprimés depuis longtemps sur le calvaire de leur vie d'attente. La peine de vie - en détention - constitue donc une véritable et terrible sanction, bien plus terrible que la peine de mort qui permet aux criminels exécutés d'échapper trop facilement à tous les soucis de leur vie terrestre. Par conséquent, cette sanction doit être appliquée avec discernement.

Maintenant, on peut aussi contester la position des signataires de la lettre du 24 janvier. Considérer la vie, fut-elle en détention, comme une peine, une sanction, est un peu manichéen. Après tout, un certain nombre d'humains, se privent délibérément de la liberté d'aller et venir, dans des monastères, des couvents, des temples, des ermitages,…Chacun de nous est-il vraiment libre d'aller où il veut, quand il veut et faire ce qu'il veut ? Certainement pas ! Contraintes financières, contraintes familiales, contraintes de santé, contraintes légales nous encadrent bien plus qu'on ne le pense au quotidien. Mais, à ma connaissance, on n'a jamais réussi à priver quiconque de la liberté de penser, de la liberté d'aimer. N'est-ce pas l'essentiel ?

 Alors, oui à la peine de vie qui contraint et non à une peine de mort qui libère.

 

Charles Durand

Le Brûlé – Saint-Denis. 

 

 
 
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