20/02/2000 
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Prédication du 33ème dimanche ordinaire par fr. Rémy BERGERET

18/19 NOVEMBRE 2006

Frères et sœurs,

 

De cet évangile de fin d'année liturgique, qui annonce traditionnellement le Retour du Christ, je voudrais retenir 2 choses : oui, nous sommes dans les derniers temps / non, nous ne connaissons ni le jour ni l'heure; pas même le Fils, seulement le Père.

 

Au premier abord, cela peut paraître curieux d'affirmer que nous sommes dans les derniers temps… depuis 2000 ans ! Et pourtant, que "cette génération ne passera pas avant que tout cela n'arrive", cela est effectivement arrivé. A savoir, la destruction du Temple de Jérusalem en 70, 40 ans après la mort du Christ (la fin d'une génération) et pour le peuple juif, l'abomination de la désolation. Les détresses peuvent être actualisées : dans le soleil qui s'obscurcit, les méfaits de la pollution contemporaine. En outre, la condition du chrétien (individuel) et de l'Eglise (dans son ensemble), c'est, nous le savons, la persécution et l'adversité ; et pour le monde et les sociétés, les guerres, les maladies de toutes sortes.

 

Au milieu de cette ambiance un peu catastrophique, nous avons le devoir de lire les signes des temps, de repérer les traces du Royaume qui advient et progresse.

Oui, les derniers temps, et nous y sommes, ce n'est pas forcément la fin, ce serait plutôt les douleurs de l'enfantement d'un monde nouveau sous le signe de la Résurrection, d'un monde unifié par le Fils de l'homme revenant dans sa gloire.

Autrement dit, notre situation présente est à vivre en tension entre ce qui est déjà là, réalisé et ce qui n'est pas encore totalement accompli, pleinement achevé. C'est la tension de la croix élevée entre Terre et Ciel, entre mort et vie ;

 

Voilà pour le fondement théologique, la réalité spirituelle. Une fois que j'ai dit cela, je suis immédiatement confronté à un paradoxe : oui, les derniers temps, mais jusqu'à quand Seigneur ?

 

Car enfin, notre patience a ses limites, notre disponibilité (toujours prêts), risque de s'user, ton Eglise t'attend, Viens Seigneur Jésus ! Alors, au cœur de cette attente éprouvante, une petite lueur d'espoir se glisse : finalement, dans cette affaire, Jésus, le Fils en personne, n'est pas plus avancé que nous ; Il ne sait pas non plus le jour ni l'heure, c'est un comble !

Cela préserve en même temps l'intimité de la relation Fils/Père, des secrets de la Trinité. Ailleurs dans l'Evangile, Jésus dit bien à Jacques et Jean, fils de Zébédée "Quand à siéger à ma droite et à ma gauche, il ne m'appartient pas de l'accorder, il y en a pour qui ces places sont préparées". Par qui ? Si ce n'est le Père, le même qui accorde à Pierre de reconnaître en Jésus le Seigneur, le Fils du Dieu vivant.

 

Et oui, frères et sœurs, dans le mystère de Dieu, il y a un ordre qui n'est pas hiérarchique ou chronologique mais logique, théologique. Le Père qui demeure invisible est le Principe : c'est lui qui a pris l'initiative de tout et c'est donc lui et lui seul qui décidera l'échéance finale, le moment du Retour du Fils dans la gloire.

 

Alors, dans cette perspective, il est inutile d'aller courir les voyants ou les magiciens, de gaspiller en vain de l'argent pour essayer de deviner des choses, de décrypter l'avenir. Nous avons plus fondamentalement à nous abandonner à la Providence, c'est-à-dire, à faire confiance en Dieu qui mène notre barque, celle de l'Eglise et de l'Humanité à son terme. Osons poser une fois encore un acte de foi, d'espérance et de charité et nous y gagnerons la Paix de cœur.

                                                                                                                        AMEN.

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