Elève Raffarin : copie à revoir.

Mon jeune ami,

Votre "maître", le chef de l'Etat, vous a confié, il y a bientôt trois ans, un "devoir" : réformer la France. Vous avez fait preuve de bonne volonté et d'une docilité à toute épreuve pour votre maître et cela doit être porté à votre crédit. En revanche, sur les résultats concrets du "devoir" qui vous était confié, vous devez mieux faire, en particulier sur le volet revenus.

Ainsi, vous venez d'accorder une augmentation de 2 % aux retraités de la fonction publique, ce qui n'est que justice puisque les prix ont connu cette augmentation en 2004. Mais, vous n'accordez que 0,5 %, soit 4 fois moins aux fonctionnaires en activité. Je vous rappelle que début 2004, vous aviez déjà augmenté les retraités de 1,5 % contre seulement 0,5 % à ceux qui travaillent. Puis-je vous faire remarquer, cher ami, qu'au printemps 2003 vous aviez pourtant montré du doigt ces "seniors" qui coûtaient trop cher et qu'il était urgent de réformer le système de retraite ? Avant votre géniale réforme, les pensions augmentaient au même rythme que les traitements : vous avez donc décidé de limiter les augmentations des retraités à la seule augmentation des prix, espérant ainsi les pénaliser. C'est raté puisque votre équipe n'a de cesse de limiter toute augmentation des actifs, en-dessous de l'augmentation des prix, ce qui est profondément injuste. Résultat : les retraites augmentent plus vite que les cotisations versées par les actifs. Zéro pointé, donc, sur cette réforme.

En ce début d'année, de nombreuses mesures touchant aux revenus prennent effet. L'allocation aux adultes handicapés augmente de 2 %, tant mieux pour eux, même si un "coup de pouce" n'eut été que justice. Le RMI, lui, n'augmente que de 1,8 % : vous avez probablement considéré que les bénéficiaires étaient privilégiés ! Dommage pour eux. Vos décisions partent dans tous les sens et, bien plus grave,  vous ne donnez aucune explication. Savez-vous, mon cher Raffarin, que les Français sont adultes et qu'ils sont aptes à comprendre les mesures les plus difficiles, à condition qu'on leur explique en toute transparence ? A ce propos, dites donc au Préfet Vian que le temps de la colonie est révolu et que la concertation avec ses concitoyens ne pourrait que lui simplifier la vie.

Revenons à votre "devoir" sur les réformes. Je vous suggère, pour donner un air de cohérence à votre politique, de prévoir pour TOUS les revenus une augmentation minimum correspondant à celle des prix. Merci pour les fonctionnaires retraités, mais mettez donc dans le même paquet-cadeau : les RMIstes, les SMICards, tous les "petits"... Mettez aussi, par exemple, les professions médicales dont on ne comprend pas pourquoi elles feraient les frais de l'incompétence de votre équipe. Au-delà de ce minimum qui permet tout juste de maintenir le pouvoir d'achat, négociez et expliquez vos décisions !

Oui, élève Raffarin, votre copie est à revoir très sérieusement.

Charles Durand

Le Brûlé – Saint-Denis