COURRIER DES LECTEURS
Sidérante Église...
L’église catholique est une “institution” humaine
pour promulguer le divin. Elle s’accompagne donc d’une hiérarchie
bien connue allant d’un pape au curé de base, et d’adhérants, de
croyants, de sympathisants. Cette institution a grande audience mondiale
et se doit donc d’être responsable de ses paroles et d’une déontologie.
Or que remarque-t-on ne serait-ce qu’en lisant le courrier de
Monseigneur G. Aubry. Que l’individu ne peut exister pleinement que dans
le canal de la foi avant même celui de la loi. Comme première instance
soyez croyants sinon vous êtes “égarés” - une autre religion dit mécréants.
Comme première instance il s’agit du spirituel, mais attention pas
n’importe lequel, le spirituel chapeauté par le cultuel, sinon rien.
Ainsi la spiritualité ce n’est pas la joie du savoir profane, l’essor
d’un humanisme, le plaisir d’une pensée libre. Non, le spirituel
c’est le divin, c’est Dieu sinon rien. Il y a à peine quelques siècles
les messages de l’Eglise étaient rudes et à la pointe de l’épée
voire à coups de goupillon. Aujourd’hui on module, l’individu ayant
retrouvé peu à peu le chemin de son esprit critique, de l’intelligence
de soi, des autres et des situations. Donc plus question d’asséner, on
tempère, on oblique, on serpente. Le texte de Monseigneur Aubry en est la
parfaite illustration. Mais le sidérant dans l’affaire c’est bien la
position prise contre le sida. Notre évêque rappelle : “Il
importe donc de rappeler le devoir de ne pas donner la mort”. C’est
oublier que la négation farouche du préservatif par l’Eglise a entraîné
27 millions d’Africains et d’Africaines touchés par le sida. Une
honte, un cynisme au nom de la fidélité. Car bien sûr la fidélité
c’est le premier et le seul préservatif. Il est facile aux hommes d’église
de parler de fidélité, eux qui ne le sont qu’à Dieu, cette entité
“incréée” dont l’effarante abstraction ne contamine que les
esprits, quoique la pédophilie et les transgressions diverses prouvent
que leur corps existe bien malgré eux. Ont-ils connu un homme ou une
femme dans leurs bras ? Que savent-ils d’une sexualité qu’ils
ont bannie ? Sidérantes analyses d’un monseigneur Aubry donneur de
leçons de vie, alors qu’il a vécu la sienne en dehors du sexuel, en
dehors du corps de l’autre dont il parle à coups de généralités et
avec l’à peu près de tous ceux qui n’ont qu’une connaissance théorique
de la vie. Alors qu’être contre le sida c’est bourrer ses poches de
préservatifs pour rester vivant et réfléchir, après, à sa propre
sexualité en toute liberté.
Henri Dalbos