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Charles Durand du Brûlé vous propose de lire ses courriers de lecteur...

 

Noël…au-dessous de nous ?

 

Atmosphère climatisée. Musique douce. Les convives absorbent leur repas sous la conduite aimable mais directive de serveuses et de serveurs qui s'assurent régulièrement du confort et de la satisfaction de leurs hôtes. Saumon fumé, foie gras, dinde aux marrons, bûche glacée, café, digestif : un repas de fête de fin d'année on ne peut plus classique. Avec une petite particularité tout de même : la scène se passe à quelques centaines de kilomètres de Khartoum, la capitale d'un pays oublié, le Soudan.

Plus précisément à dix kilomètres d'une vaste zone où de nombreux Soudanais meurent de faim chaque jour. En effet, le Soudan est un pays où se déroule depuis plusieurs années ce que les experts qualifient de "conflit de faible intensité". Merveilleuse expression ciselée par les diplomates pour décrire une guerre dont les victimes tuées ou blessées ne nous intéressent pas, du moins nos médias. Une guerre parmi d'autres qui entraîne une famine permanente et qui apporte une lourde contribution aux malheurs des Soudanais. Le seul véritable intérêt pour nous, c'est la consommation d'armes et de munitions par ces pauvres gens qui aide à maintenir des emplois en France et ailleurs.

Vous me direz : mais qui donc a eu cette idée saugrenue d'aller s'empiffrer à quelques encablures de ces malheureux ? Mais, vous et moi, à chaque fois que nous survolons ce pays en prenant notre repas dans l'avion qui relie la Réunion à la métropole à 10 000 mètres d'altitude. Il en est de même lorsque l’avion survole l’Ethiopie, la Somalie et la plupart des pays d’Afrique qui sont sur le parcours. Alors, si vous êtes dans l'avion au moment de Noël, ayez une pensée pour tous ces affamés que vous survolez dans votre cabine pressurisée. Certes, cela ne changera rien à leur sort, mais l'indifférence aux malheurs des autres reste un des pires fléaux de l'humanité de ce troisième millénaire chrétien (sic). Chaque jour qui passe voit disparaître de notre planète 25000 êtres humains pour cause de famine. Chaque jour, 25000 morts ! Plus de 9 millions par an. Excusez du peu. On est loin des 8000 tués par an sur la route en France dont on nous rebat les oreilles, à juste titre d'ailleurs. Mourir de faim c'est d'abord mourir en silence : aucun titre dans les journaux. Rien. Une indifférence lourde et persistante. Encore plus lourde au moment de Noël. Alors, entre Saint-Denis et Paris, c'est rarement Noël au-dessous de nous…pensez-y.

 

 

Charles Durand (Saint-Denis)

 

 
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