Paroisse de Saint-Benoît : une Eglise humaine.

Dans votre édition du lundi 27 mai, vous consacrez une page à la paroisse de Saint-Benoît dans laquelle Yves Mont-Rouge.conclut que ce "ralé-poussé" sur fond d'exorcisme n'est pas pour grandir l'Eglise. Je ne suis pas du tout d'accord avec cette conclusion. Que le Journal de l'île joue son rôle d'informateur me paraît très sain (on est habitués !). Que la liberté d'expression des uns et des autres leur permettent de s'exprimer dans un média de grande diffusion me semble tout aussi sain. Ainsi, chacun de vos lecteurs pourra se forger un jugement sur ce que je suis tenté de qualifier d'enfantillages : être réveillé par les coqs de grand matin ou être privé de portable doit pouvoir être surmonté avec un peu de recul sur les événements.

De là à conclure que l'Eglise ne sort pas grandie apparaît un peu court. Dans l'absolu, l'Eglise c'est l'ensemble de la communauté des baptisés et pas seulement le clergé. Mais peu importe cette précision sémantique. Personnellement, je suis ravi et fier d'appartenir à cette communauté qui "se permet" d'être humaine, tout simplement humaine, avec ses forces mais aussi ses faiblesses.

Pourquoi voudriez-vous que les prêtres soient des surhommes ? Pour être au-dessus du troupeau ? Non, décidément, je préfère qu'ils soient pleinement humains et proches de nous. Le petit conflit de Saint-Benoît les installe vraiment parmi nous.et, désolé pour Yves Mont-Rouge, je trouve que, au contraire, l'Eglise sort grandie de ce "ralé-poussé". A condition qu'il ne dégénère pas au-delà des ces échanges verbaux et épistolaires.

Il n'y a pas si longtemps qu'on reprochait à l'Eglise de vivre en vase clos et d'étouffer nombre de ses problèmes internes. Deux prêtres de nôtre diocèse peuvent faire état de leurs états d'âme dans un média : c'est quand même le signe rassurant d'une très grande liberté et d'une grande ouverture d'esprit. On ne va pas, maintenant, bouder cette bénéfique transparence ! Oui, une Eglise plus humaine me semble vraiment grandie, même si l'incident de Saint-Benoît doit être perçu comme une épreuve. Une épreuve à dimensions humaines qui grandira ceux qui arriveront à la surmonter.

Charles Durand (Saint-Denis)