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Charles Durand du Brûlé vous propose de lire ses courriers de lecteur...

 

Maurice Allais, Nobel d'économie, dit NON.

            Comme de nombreux citoyens, j'assiste, perplexe, depuis plusieurs semaines, aux débats relatifs au traité constitutionnel. Ayant eu la chance de faire quelques années d'études supérieures, je pensais naïvement pouvoir me faire ma propre opinion en lisant le projet. Hélas, le volume du projet et son style juridico-technocratique m'ont découragé…car je ne comprends pas tout, loin de là. Dès lors, que faire ? Ecouter les politiques ? Trop de mauvaise foi de toutes part, comme trop souvent dans notre pays. Ecouter les techniciens du droit ? Hélas, les grands pontes du droit constitutionnel sont loin d'être tous d'accord et donnent de bonnes raisons d'être pour ou contre le traité. Jusqu'au moment où je suis tombé, un peu par hasard, sur le point de vue de Maurice Allais, prix Nobel d'économie, publié dans le quotidien national "Le Monde" du 15 mai dernier et qui explique que si nous connaissons autant de problèmes sociaux depuis plusieurs décennies, c'est bel et bien à cause du caractère "libéral" des traités européens depuis 1957. Il est donc plus qu'urgent d'arrêter cet aveuglement coupable de nos dirigeants…et de leurs électeurs.

Principaux extraits de l'article de Maurice Allais :

Suivant les avis les plus autorisés, à gauche comme à droite, le projet de Constitution, s'il était adopté, représenterait un rempart majeur contre "les excès du libéralisme". Une confusion essentielle résulte ici de la signification attribuée au mot libéralisme. En fait, la doctrine libérale est une doctrine politique destinée à assurer les conditions, pour vivre ensemble, des ressortissants d'une collectivité donnée. Mais, dans les discussions actuelles, le « libéralisme » correspond à ce qu'il conviendrait plutôt d'appeler la "chienlit laisser-fairiste". Il convient donc de mettre entre guillemets le mot "libéralisme", tel qu'il est utilisé actuellement par les principaux partis politiques… … En réalité, il y a là une erreur fondamentale. En fait, l'article III-314 du projet de Constitution stipule : "Par l'établissement d'une union douanière, conformément à l'article III-151, l'Union contribue, dans l'intérêt commun, au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions et aux investissements étrangers directs, ainsi qu'à la réduction des barrières douanières et autres. » Il résulte de cet article que non seulement la Constitution envisagée ne protège en aucune façon contre les excès du « libéralisme", mais au contraire que la Constitution projetée institutionnalise la suppression de toute protection des économies nationales de l'UE.

L'article III-314 du projet de Constitution ne fait que reproduire les dispositions de l'article 131 du traité de Rome du 25 mars 1957. Article 110 : "En établissant une union douanière entre eux, les Etats membres entendent contribuer conformément à l'intérêt commun au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et à la réduction des barrières douanières".

Il est simplement ajouté, dans l'article III-314 du projet, "la suppression progressive des restrictions aux investissements étrangers directs". En réalité, comme je l'ai démontré dans mon ouvrage de 1999 La Mondialisation. La destruction des emplois et de la croissance. L'évidence empirique -éd. Clément Juglar, 1999-, l'application inconsidérée, à partir de 1974, de cet article 110 du traité de Rome a conduit à un chômage massif sans aucun précédent et à la destruction progressive de l'industrie et de l'agriculture.

De là il résulte que l'argument présenté de toutes parts par les partisans du oui à droite et à gauche de la protection que donnerait le projet de Constitution à l'encontre des excès du "libéralisme" est dénué de toute justification réelle. Non seulement les partisans du oui trompent ceux qui les suivent, mais ils se trompent eux-mêmes… … Pour être justifié, l'article III-314 du projet de Constitution devrait être remplacé par l'article suivant : "Pour préserver le développement harmonieux du commerce mondial, une protection communautaire raisonnable doit être assurée à l'encontre des importations des pays tiers dont les niveaux des salaires au cours des changes s'établissent à des niveaux incompatibles avec une suppression de toute protection douanière."

 

Charles Durand

Le Brûlé Saint-Denis

 

 

 
 
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