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Charles Durand du Brûlé vous propose de lire ses courriers de lecteur...

 

Oui à la liberté de l'évêque…et de Visu !

 

Un de vos lecteurs semble agacé par les opinions émises publiquement par l'évêque de la Réunion, tout en précisant qu'il ne remet pas en cause la liberté d'expression (le lecteur la limite quand même à ce que chacun reste à sa place – limitation fort inquiétante), ce qui est une première contradiction. Ce faisant, votre lecteur met aussi en cause la rédaction de votre magazine qui publie régulièrement les opinions de l'évêque, décision de publication qui relève de la liberté absolue de votre rédaction en chef : Visu est donc ainsi indirectement invité à réfléchir sur l'opportunité de continuer à publier ou non les opinions émises par l'évêque.

Est-il vraiment choquant que l'évêque, pasteur de la communauté de foi la plus importante de la Réunion, fasse connaître largement la position de l'Eglise sur des sujets de société qui touchent à la substance de l'être humain ? Il serait intéressant que les pasteurs d'autres croyances, sous réserve que leurs rites le leur permettent, puissent aussi s'exprimer régulièrement sur les mêmes sujets ou d'autres. Je fais l'hypothèse que les colonnes des journaux et magazines locaux leur sont largement ouvertes.

Ces interventions de l'évêque seraient à la fois beaucoup trop fréquentes et "à propos de tout", sans toutefois traiter d'un sujet sensible tenant à cœur à votre lecteur. Autrement dit, il demande à notre évêque d'intervenir une fois de plus ! Seconde contradiction.

Venons-en au fond. Votre lecteur aborde deux sujets : la pilule du lendemain et la pédophilie des prêtres. Que les positions affirmées par l'évêque soient conformes à celles de la hiérarchie catholique ne devrait surprendre personne ! C'est plutôt le contraire qui serait fort étonnant et troublant. L'évêque condamne donc la pilule du lendemain, et la contraception en général. Gageons qu'il condamne encore plus fermement les actes de pédophilie, en particulier lorsqu'ils sont commis par des religieux : est-il vraiment nécessaire que l'évêque s'exprime sur ce sujet douloureux, tant il est évident qu'il en souffre profondément ?

Revenons au "débat" sur la pilule du lendemain : là encore, la position de l'Eglise a toujours été de défendre la Vie ; il est donc cohérent qu'elle désapprouve tout ce qui peut y attenter. Réfléchissons au fait que la plupart des méthodes de contraception constituent la première agression, la première violence que l'on fait subir à une vie alors qu'elle vient seulement d'éclore dans l'œuf. Peut-on à la fois être favorable à la contraception et se plaindre de la montée de la violence ? Cela mérite au moins réflexion. Il faut se garder de tout manichéisme dans tout ce qui touche à la vie humaine. Rien n'est simple et facilement réductible à être "pour" ou être "contre". Depuis la nuit des temps, chaque être humain est un "cas" unique dans son existence même et dans le déroulement de sa vie. Je suis intimement persuadé que l'Eglise, tout en condamnant publiquement les contraceptions, perpétue la mansuétude et l'immense capacité de compréhension de son prophète Jésus, et que, au cas par cas, la condamnation se mue en pardon. Mais tout ceci est fort loin d'une sorte de "droit" à la contraception.

Quant à la pédophilie, tout être humain sain d'esprit la condamne sans appel, y compris notre évêque, bien évidemment !

Deux choses quand même : soyons prudents avant de condamner des suspects qui n'ont pas eu la possibilité d'apporter d'éventuelles preuves contradictoires aux actes qui leur sont reprochés. Le risque n'est pas nul de passer d'une situation scandaleuse où ces crimes étaient ignorés et passés volontairement sous silence à une situation inverse, non moins scandaleuse, dans laquelle n'importe qui peut accuser n'importe qui d'autre de ces actes ignobles.

Par ailleurs, il faut s'interroger et réfléchir sur les moyens à donner aux victimes potentielles pour se prémunir de ces violences. C'est une question d'éducation à donner à nos enfants : pour les informer très tôt des risques, leur expliquer les situations anormales, leur apprendre à nous parler, à dénoncer ces situations, apprendre nous-mêmes à les écouter (écouter leurs paroles, mais aussi écouter les modifications de leur comportement) : vaste programme, difficile, mais combien passionnant. Il est vrai que lorsque les parents eux-mêmes se livrent à ces crimes, tout se complique. Mais, de nos jours, les tout-petits sortent très tôt du nid familial et les éducateurs (au sens large : les enseignants, les voisins, les amis, les parents, vous, moi,…) ont un rôle d'écoute essentiel à jouer. Nous sommes tout concernés !

 

 
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