Accueil de ce site :

Charles Durand du Brûlé vous propose de lire ses courriers de lecteur...

 

Le courrier ci-dessous est ma réponse au courrier Séroprévalence : réponse à M. Durand qui était lui-même une réponse à mon courrier Réunionnais : on se moque de nous !

L'abus des chiffres peut nuire à la santé.

 

Je remercie les quatre scientifiques de la Cellule de coordination des recherches sur le chikungunya d'avoir pris la peine de répondre à mes objections sur la méthodologie de l'enquête sur la séroprévalence effectuée auprès d'un groupe de femmes enceintes. Je les remercie aussi d'accepter un débat transparent sur le sujet.

Si on ne peut être que d'accord avec la Cellule sur l'urgence d'avoir des informations, rien ne justifie que les résultats obtenus auprès des femmes enceintes soient extrapolés à l'ensemble de la population qui comporte aussi les hommes, les jeunes, les vieux et les femmes adultes non enceintes. En procédant de la sorte, la Cellule instrumentalise des données chiffrées objectives au profit d'un argument purement "politique". Ainsi, pour l'ancien statisticien public que je suis, il est particulièrement choquant de lire sous la plume d'un groupe de scientifiques que "En disant que possiblement 80% de la population réunionnaise restait à risque de contracter la maladie, nous pensons que nous attirons l'attention sur la nécessité de ne pas relâcher la vigilance".

Etait-il nécessaire "d'abuser" ainsi des chiffres pour prôner cette vigilance ? Etait-il si difficile d'affirmer tout simplement que les résultats ne concernent que 2% de la population (les femmes enceintes) et que pour les 98 autres % on ne sait pas ? On pouvait préciser que, pour le moment, rien ne permet d'affirmer que cela n'est ni différent ni identique pour la plus grande partie de la population. Mais que, principe de précaution oblige, la vigilance était de rigueur. Evidemment, "avouer" que l'enquête ne couvre que 2% de la population n'est pas très percutant…Mais, c'est une question de respect de l'éthique scientifique. C'est aussi et surtout une bonne façon d'assurer la pérennité de la confiance que la Cellule souhaite susciter.

Un autre point pose question. Pourquoi seuls les donneurs de sang et les femmes enceintes étaient susceptibles de fournir les matériaux de base à l'enquête ? L'utilisation des prélèvements pour ces deux catégories de personnes semble ne soulever aucune difficulté. Or, chaque jour qui passe, dans un grand nombre d'établissements de soins et de laboratoires d'analyses sont pratiqués des prélèvements sanguins sur de nombreux patients. Etait-il techniquement ou administrativement impossible de les utiliser puisqu'il y avait urgence ? Quitte, grâce à l'âge et au sexe de ces patients, à pratiquer un redressement d'échantillon. Une technique statistique parfaitement maîtrisée par des organismes comme l'INSEE ou l'INSERM. Il est encore temps, en attendant qu'une enquête indiscutable soit réalisée.

Enfin, au titre de la nécessaire transparence des débats, je suis toujours frustré de ne pas avoir le détail des méthodologies qui président à la confection des chiffres sur l'épidémie, avant janvier 2006 et depuis. Les quelques explications données sur le site internet de l'INVS sont très insuffisantes à mon goût. Un peu comme si pour une recette de cuisine on vous donnait seulement la liste des ingrédients sans préciser ni la quantité, ni la façon de faire. Et, Dieu seul sait ce qui peut se passer dans une arrière-cuisine.

 

Charles Durand

Statisticien en retraite

Le Brûlé – Saint-Denis

 

 
 
Vers le haut de la page

Pour m'envoyer un courriel :cd6d@wanadoo.fr